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La fortune du beau-père de Mlle Petit-Pain venait d’éprouver, à l’époque dont nous parlons, un de ces échecs si fréquents dans les temps d’agitation politique : la proposition de M. d’Osmond fut acceptée avec empressement, et la jeune personne quitta Nancy sous la conduite d’un de ses oncles. L’impératrice Joséphine, toujours pressée d’obliger, et à laquelle d’ailleurs la protégée de M. d’Osmond ne pouvait manquer de paraître charmante, promit monts et merveilles : mais l’empereur disposa des places des dames d’annonce autrement qu’on ne se l’était imaginé, et ce ne furent point de naïves jeunes filles qui les occupèrent. Joséphine, désappointée, fit accepter à Mlle Petit-Pain une pension de cinq cents francs, en attendant qu’elle pût la placer soit comme lectrice auprès d’une des princesses de la famille impériale, soit comme dame à la maison d’Écouen, qu’on organisait.

Voilà donc une fille de vingt ans demeurée à Paris avec une pension de cinq cents francs et deux chimères à caresser : l’une de ces chimères lui offrait des palais à habiter, des trônes à voir essayer en Hollande, à Naples, en Espagne, des occasions de se parer, des hommages rendus à sa beauté noble et douce ; et si son esprit eût été moins pur et moins austère, elle eût pu entrevoir encore la faveur et l’intrigue amenant la fortune. De l’autre une vie presque claustrale, mais consacrée tout entière à l’étude, à la culture des arts, à l’accomplissement d’inflexibles devoirs, dont le plus doux était de former à la vertu les orphelines du champ de bataille : les filles adoptives de l’empereur ! C’était donc de l’espoir d’entrer à Écouen qu’Élise se berçait. Tandis qu’elle arrangeait ainsi sa vie, la Providence disposait d’elle autrement.

M. Voïart, ancien administrateur des vivres, rencontrait souvent Mlle Petit-Pain chez cet oncle qui l’avait