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Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/255

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rent seule dans sa retraite. L’Abbaye-aux-Bois devint le rendez-vous de tout ce que l’empire et la restauration avaient de plus marquant ; et elle eut encore sa cour, cour bien plus flatteuse, bien plus honorable, puisque ce n’était plus au pouvoir, à la position que l’on rendait hommage ; mais à celle qui pendant et après son élévation avait toujours été plus grande que son élévation même.

La France était inondée de relations où chacun rendait compte avec un aplomb miraculeux de ce qu’il savait ou ne savait pas, de ce qu’il avait vu comme de ce qu’il n’avait pu voir. Alors se formaient sur telle ou telle époque de l’empire mille opinions contradictoires puisées à la source falsificatrice des mémoires authentiques. Bans son obscurité volontaire, la duchesse avait été souvent blessée dans son amour pour la vérité, ou dans ses affections mêmes. Ceux qui partageaient son intimité la conjuraient de répondre, et, le flambeau à la main, de venir jeter la lumière sur cette nuit obscurcie encore par tous les éclairs de chaque nuage qui passait sur elle. Enfin elle céda à leurs importunités, et commença pour finir si bien et si vite cette galerie vivante de tout l’empire ressuscité.

Les mémoires particuliers sont certainement la mine la plus féconde pour l’histoire, et celle où l’on peut le mieux puiser la vérité. 11 est impossible de se former une idée des hommes et des choses de chaque époque d’après les monuments qui nous restent de leur passage. Presque tous, élevés sous l’influence des passions dévouées ou haineuses, cherchent à couvrir d’une apparence empruntée ceux dont le nom brille sur leur porte ; mais rarement peuvent-ils faire autre chose que d’indiquer des faits, et fussent-ils vrais, fussent-ils incontestables, nous aurons toujours à regretter les causes elles