Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/304

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« plus inviolables, des voix plus incorruptibles…, etc… » et toute la fin de la lettre. Ainsi le combat allait bien à cette âme ; elle naissait à la passion sérieuse du vrai, à la chaleur de la raison.

Il était difficile qu’on ne parlât pas beaucoup dans le monde des articles de M Uc de Meulan, et qu’on n’en par¬ lât pas en divers sens. Un talent si élevé, une franchise de plume si à l’aise en chaque sujet, n’éveillaient pas toujours une bienveillance très-sincère. On ne pouvait refuser l’estime à l’écrivain, on se rejetait sur les conve¬ nances particulières à la personne. Ces amis qu’on a dans le malheur et qu’elle a si bien relevés, ces amis de Job, en tout temps les mêmes, la plaignaient assez haut de cette nécessité où elle était, femme et ainsi née, d’écrire des feuilletons, surtout des feuilletons de théâtre. En¬ nuyée de cette compassion maligne, elle y répondit ad¬ mirablement, le 18 décembre 1807, par une lettre d’une femme journaliste à un ami : « On censure donc mes feuil¬ letons, mon ami, c’est en vérité leur faire bien de «l’honneur ; mais la critique s’étend, dites-vous, jusque «sur moi, sur. le parti que j’ai pris d’écrire dans un «journal, et surtout d’y rendre compte des nouveautés « théâtrales… Ce reproche que l’on me fait, c’est donc «que je suis femme, car ce ne peut être de ce que je « suis journaliste. Ceux de mes censeurs qui me connais- «sent savent trop bien pourquoi je le suis. Mais ne «craindraient-ils pas d’avoir un reproche à se faire à «eux-mêmes, si, par une opinion légèrement énoncée, « ils parvenaient à m’ôter ou du moins à me rendre plus « difficile le courage dont j’ai pu avoir besoin pour sa- «crifier à ce que je regardais comme un devoir, des «convenances que mon éducation et mes habitudes « m’avaient appris à respecter. Je les connais, vous le «savez, mon ami, ces convenances, qui font du rôle de