Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/306

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Publiciste, qu’eut lieu un incident souvent raconté, pres¬ que romanesque, autant du moins qu’il était possible entre personnes d’ordre et d’intelligence, et qui eut des conséquences souveraines sur la destinée de M I,e de Meulan. Au mois de mars 1807, sous le coup de nou¬ velles douleurs domestiques, et dans un grand déran¬ gement de santé, elle se vit forcée d’interrompre un moment son travail ; mais une lettre arrive, qui lui offre des articles qu’on tâchera de rendre dignes d’elle durant tout le temps de l’interruption. L’auteur de la lettre non signée, et des articles qu’après quelque première diffi¬ culté elle agréa avec reconnaissance, était M. Guizot. Très-jeune, obscur encore, ii avait entendu parler à M. Suard de M 1,c de Meulan, de sa situation, et il avait écrit. On trouve en effet, dan» le Publiciste de ces mois, un certain nombre d’articles de mélanges, de littérature et de théâtre, signés F. Cette circonstance singulière lia bientôt ces deux esprits éminents, beaucoup plus que le rapport assez inégal des âges, et même le désaccord des opinions, ne l’eussent probablement permis sans cela. M. Guizot arrivait dans le monde avec des convic¬ tions philosophiques, religieuses, très-prononcées, et qui avaient quelque chose alors de la rigueur absolue de la jeunesse. Hostile au dix-huitième siècle et à son scep¬ ticisme, plus qu’à la révolution dont il acceptait les résultats, sauf à les interpréter et à les modifier, il ren¬ contrait une disposition assez contraire chez M 110 de Meulan. Celle-ci, de plus, avait un peu pour idée, nous l’avons vu, «que le temps seul ramène les hommes à là «raison et à la vérité ; mais que la raison et la vérité « n’ont presque jamais convaincu personne. » Elle disait encore que « la raison, par malheur, n’est faite que pour «les gens raisonnables.» Le jeune homme, sorti de Nîmes et de Genève, ayant gardé des ferveurs du calvi-