Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/318

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pire de Sapho, les exprime souvent en des traits de Sénèque? Cet essai, auquel s’attachait sa plume sérieuse, et si bien mené jusqu’au milieu, a été interrompu par la mort.

Du moins, si la sensibilité de M me Guizot se subtilisait, s’endolorissait pour ainsi dire, de plus en plus, sa religion en s’étendant n’eut jamais de ces inquiétudes qui, trop souvent, l’accompagnent au sein des âmes* tendres ou graves. Née catholique, atteinte de bonne heure par l’indifférence qu’on respirait dans l’atmosphère du siècle, revenue, après des doutes qui ne furent jamais hostiles ni systématiques, à un déisme chrétien très fervent, à une véritable piété, elle s’y reposa, elle s’y apaisa. Les abîmes de la grâce, du salut, ne la troublèrent point en s’ouvrant aux bords de sa voie. Elle avait confiance. La prière, comme un entretien avec l’Être tout-puissant et bon, la fortifiait, la consolait. Un jour, peu après son retour de Plombières, où elle avait en vain cherché quelque soulagement, comme la conversation, près d’elle, s’était engagée et roulait depuis quelque temps sur la question de savoir si l’individualité persiste après la mort ou si l’âme s’absorbe dans le grand Être, elle sortit de son abattement déjà extrême, et, d’une voix par degrés raffermie, résumant les diverses opinions, elle conclut avec vivacité et certitude pour la persistance de l’âme individuelle au sein de Dieu[1]. Le 1 er août 1827, au terme de sa lente maladie, à dix heures du matin, elle pria son mari de lui faire quelque bonne lecture ; il lui lut une lettre de Fénelon pour une personne malade, et l’ayant finie, il passa à un sermon de Bossuet sur l’immortalité de l’âme ; pendant qu’il lisait, elle expira. On l’ensevelit, comme elle l’avait désiré, selon le rit de

  1. Voir l’article du Globe, 7 août 1827, de M. de Guizard.