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plus fertile encore en muses injustement oubliées aujourd’hui, mais dont une nation plus soigneuse de sa gloire, comme l’Angleterre ou l’Italie, aurait précieusement conservé le souvenir. Près de la Marguerite des Princesses, ou sur la voie brillante qu’elle avait tracée, on vit florir tour à tour cette charmante Louise Labé, dont les inspirations ont fourni à La Fontaine, le plus élégant et le plus pur de ses apologues ; Pernette du Guillet, Marie de Romieu, Anne des Marquetz, la sage et sentencieuse Georgette de Montenay, Magdelaine et Catherine des Hoches, ces deux savantes et spirituelles Deshoulières des grands jours de Poissy, et une multitude d’autres qu’il serait superflu de rappeler aux amateurs de cette langue inculte, mais naïve, énergique et vivement colorée, dont notre langue perfectionnée n’a malheureusement pas conservé toutes les grâces.

Les femmes ne furent pas entièrement infidèles à la poésie dans les siècles suivants, mais leur esprit, encore plus enclin que le nôtre à suivre le mouvement capricieux des modes, se conforma volontiers aux nombreuses, variétés de forme qui s’introduisaient dans les genres et dans le style. Rien n’était plus propre à modifier le tour et les penchants de leur esprit que l’influence de la littérature espagnole, si puissante et si universelle pendant la première moitié du dix-septième siècle ; tout ce qui rappelle de grands dévouements, de généreux enthousiasmes, des passions ardentes mais délicates, des pensées tendres mais exaltées, a des droits sur leur imagination et sur leur âme ; elles ne pouvaient être in-