Mme ÉLIZA GUIZOT
En traçant le nom de cette jeune femme, sitôt ravie
aux affections qui l’entouraient, une pensée m’a tout à
coup saisie, c’est que jamais, si elle eût vécu, ni son
nom, ni ses traits n’auraient figuré ici. Cette conviction,
puisée dans les écrits qu’une honorable confiance a déposés
entre mes mains, a failli arrêter ma plume. Je me
suis demandé s’il m’était permis de soulever, après sa
mort, ce voile étendu sur sa vie, non par une instinctive
et puérile timidité, mais par une volonté forte et raisonnée ?
Longtemps cette question est demeurée sans réponse.
Mais quoi ! si de profonds et légitimes regrets
trouvent dans la sympathie appelée sur sa mémoire un
faible soulagement, eût-elle voulu le leur défendre ? Si,
maintenant qu’elle n’est plus là, son image et son exemple
peuvent jeter en d’autres âmes de bonnes et fructueuses
impressions, s’obstinerait-elle à les leur dérober ?
Une voix secrète m’a répondu : Non 1 Et j’ai écrit,
heureuse de pouvoir dire à tous que la publicité n’est
point la conséquence forcée de toute supériorité in-