Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

continua !… Il venait dénoua donner (en février 1831) cetle courageuse Épitre à Varchevêque de Paris, dont chaque vers replantait une croix abattue ; sa fille nous donna la Vision, ce beau dithyrambe sur le choléra, et l’on crut que la lyre paternelle n’avait pas fait silence : même poésie idéalisée, même philosophie religieuse, même luxe d’images, même talent, même pureté,même harmonie, même facture !… On se ressemblerait de plus loin sans doute, mais le phénomène de la ressemblance n’a jamais été si complet et si heureux. Au surplus, on s’explique très-bien qu’une enfant née avec le don de la poésie, nourrie du lait des Muses, grandissant avec les exemples et les leçons d’un père comme Alexandre Soumet, se développe et se formule identiquement à lui, par goût, par habitude et par conviction. Le vrai miracle, c’est l’héritage du génie poétique, succession si rarement transmise ; mais Dieu est tçut-puissant.

Je me rappelle avec charme cette solennité littéraire où M I,C Gabrielle Soumet se hasarda pour la première fois à dire tout haut son premier poëme. Elle était si jeune, et il y a bien peu de temps de cela, et si timide qu’on n’espérait pas pouvoir l’entendre. Mais tout à coup ses yeux s’élevèrent au ciel, pour ne pas voir le nombreux auditoire, et sa voix s’éleva de même, et elle dit ses vers d’un accent inspiré, et comme aurait fait la Muse, der¬ nier trait de ressemblance avec son père. Et je me rap¬ pelle encore (car j’ai une mémoire implacable) que je ne pus m’empêcher d’improviser ce que voici à la nouvelle Corinne ï

Tu t’avances, craintive» aux humaines louanges.

Avec le nom r le charme et la candeur des anges ;

Puis, tou chant retentit si pur, si ravissant »

Qu’élancé vers le ciel, on croit qu’il en descend.

A ton voile » a ta grâce, à ton génie, il semble Que cYst Davîd-pocte et Michol tout ensemble.