Mme TASTU
Mme Voïart, femme à l’esprit puissant, mourut jeune encore, et dès l’âge de sept ans sa pauvre fille connut ce chagrin amer de voir une place vide au foyer de famille. Les années passèrent, l’enfant grandit, et les facultés brillantes que le ciel lui avait données commencèrent à se développer. Dieu, en la créant, avait mis du soleil dans sa pensée ; il avait embaumé son cœur de parfums qui devaient bientôt s’exhaler au dehors ; il avait mis dans son âme une foule de cordes délicates que le moindre souffle agitait : il l’avait faite poète enfin. Bientôt toute cette poésie intérieure se répandit en mots brillants, en mélodie, et à neuf ans elle fit ses premiers vers. S’il faut dire quelle circonstance les fit naître, je ne puis, je ne sais. Sans doute cette poésie qu’elle avait en elle se fit jour tout naturellement parce que peut-être la veille elle avait regardé les ailes d’un papillon, parce qu’elle avait fait un beau rêve, parce qu’il fallait que cela fût, et qu’il est dans l’ordre des choses que les semences produisent leurs