Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/429

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geant le modeste avenir réservé à sa protégée, elle pensa avec les parents que loin de chercher à développer en elle les dons de l’imagination, elle devait apporter tous ses soins à en modérer et même à en arrêter l’essor.

Étouffée en quelque sorte dans l’éducation étroite qu’elle recevait, la jeune Sophie sortit du couvent à l’âge de quinze ans, comme l’oiseau qui vient de briser la coquille où il était emprisonné, et ce fut avec la satisfaction la plus vive qu’elle rentra dans sa famille. Mais sa mère, alors atteinte d’une maladie grave, et tout entière aux soins que réclamait l’état de sa fortune, n’avait ni le loisir d’étudier le caractère et les dispositions de sa fille, ni le calme nécessaire pour deviner le besoin d’épanchement qu’éprouvait une jeune personne sérieuse et froide à force d’exaltation.

Sophie Tessier, accueillie par ses parents avec une bonté parfaite, passait les plus beaux jours de son adolescence dans la terre de Cerny, que MM. Bellart et d’Angny possédaient en commun. Autour du célèbre avocat, que ses opinions politiques laissaient alors en dehors des emplois, se réunissaient les grandes lumières et les plus nobles espérances du barreau. Des conversations tour à tour solides et brillantes, instructives et spirituelles, animaient ce cercle d’hommes de mérite et de talent, et, satisfaite d’entendre parler un langage qui répondait si bien à son âme, la jeune fille eut encore le bonheur de trouver à Cerny une amie à qui il lui était permis de confier ses pensées et les sentiments confus dont son cœur était rempli.

Cette amie, objet pour Mme Sophie Pannier d’un attachement et d’une estime que le temps n’a fait que rendre plus solides, était Mlle Bellart. On sait le mutuel dévouement qui, jusqu’au dernier jour, confondit l’exis-