Mme LESGUILLON
Si les dispositions de l’enfance sont un présage souvent
certain de l’avenir intellectuel d’une femme, c’est
surtout chez Mlle Hermance Sandrin que ces germes s’annoncèrent
de bonne heure ; à cet âge où la frivolité et
l’insignifiance remplissent tous les loisirs des jeunes filles,
l’étude et le goût des lettres la saisirent même au milieu
des jeux du pensionnat. Dans les petits drames où ses
compagnes s’essayaient sur le théâtre des vacances, déjà
elle laissait de côté son rôle, suppléait à ce qui lui paraissait
médiocre, improvisant ou la repartie ou la période,
et avec l’aplomb d’une grande actrice, elle faisait
répandre des larmes ou provoquait le rire. Déjà l’on
citait comme piquant son esprit prompt et incisif : réputation
de famille qui, bien souvent, n’a fini par produire
dans le monde que des femmes vaniteuses et sottes, mais
qui cette fois, du moins, n’était qu’un avant-coureur de
celle que le public devait décerner à son talent.
Ce qui la faisait ressortir, toute jeune, du cercle même de l’esprit, c’était une profondeur de pensée et