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ces fortement pensées. Tantôt ces mariages que forme l’intérêt et que l’intérêt divise, se présentaient à ses yeux comme l’avenir de toutes les jeunes filles, et clic écrivait ces stances :

C’est avoir du chagrin que de n’aimer personne :
Son cœur n’est pas pour soi, car toujours on le donne ;
      On le donne pour de l’amour.
De l’amour, il m’en faut, mais noble, ardent, suprême :
Oui, je veux un écho quand je dirai je t’aime.
     Et je le dirai tout le jour.

Où puis-je rencontrer l’âme où mon âme aspire ?
C’est en vain que je cherche, en vain que je soupire :
Mon accent n’est pas assez haut.
Mais il en est en eux un que j’entends qui sonne :
C’est de l’or, c’est de l’or que leur hymen moissonne :
Aux hommes, voilà ce qu’il faut.


Un mari sans amour n’est pas ce que j’envie :
Je suis trop jeune encor pour enterrer ma vie ;
Je veux vivre avant de mourir.

Je ne veux plus penser : je veux être joyeuse ;
Le bonheur embellit, j’aurai l’air d’être heureuse ;
Je rirai, j’aurai l’air coquet.
Que diront-ils alors ? Ils diront : elle est femme ;
Une fleur, un oiseau suffisent à son âme.
Notre sort, voilà ce qu’il est.

Puis elle revenait à ses tendresses de fille, et elle disait à sa mère cette pièce où se trouve cette strophe admirable :

Oh ! je le sens, ma bonne mère.
Il n’est rien d’aussi vrai que toi :
L’égoïsme couvre la terre ;
Ton égoïsme à toi, c’est moi !

Puis elle versait des larmes de sympathie sur les malheurs du pauvre, et elle disait dans sa prière à Dieu, chef-d’œuvre d’âme et de sentiment :