Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/475

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son choix, elle le suivrait vaillamment dans la mêlée. Faites-en donc un général. Elle est femme ! Dans ses moments de découragement et de tristesse, quand elle se rapproche de la tête de mort incessamment posée sur sa table à écrire, qui de ses yeux vides, la regarde penser, alors mille idées religieuses arrivent à George Sand. Elle aspire à la paix chrétienne, elle rêve d’encens et de chants d’église ; elle réforme, elle aussi, cette église ravagée par des apostats de la force de Châtel et autres renégats en faillite dont l’huissier ferme les églises. Faites donc un évêque de George Sand. Elle est femme ! Que voulez-vous que je vous dise ? Le plus grand écrivain de ce temps-ci. Sa plume est tour à tour passionnée, énergique, calme, violente, amoureuse ; elle parle toujours, même dans ses plus grands écarts, la plus belle langue française, c’est-à-dire la plus correcte. Nul ne peut nier que tous les honneurs du style ne lui appartiennent. Elle a écrit Indiana, Valentine, André, trois chefs-d’œuvre ; nul ne peut nier que toutes les palmes de l’imagination ne lui appartiennent. Il n’y a pas à l’Académie française, il n’y a pas dans toutes les académies françaises ou étrangères de ce monde, un écrivain de la force de George Sand. Faites-la donc asseoir à côté de M. de Chateaubriand et de M. de Lamartine, qui se lèveront pour lui faire place et cortège. Toujours la même réponse : Elle est femme ! Ainsi, ni par la parole, ni par le style, ni par l’autorité, ni par la croyance, ni par la politique, ni par l’Église, ni même par l’Académie française, cette porte banale, cette femme qui est un grand homme, ne peut pénétrer. Qu’elle demande à enseigner les hommes, à avoir une école à elle, on lui répondra : Femme ! Et quand enfin, fatiguée de tant d’oubli, honteuse de se voir ainsi parquée loin des hommes par les lois et par les mœurs, cette