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nant-colonel. Après la bataille de Kolin, lors de l’attaque de la forte position que les Prussiens occupaient sur la Montagne blanche, près de Prague, le 20 juin 1757, le lieutenant-colonel Amadei demanda au feld-maréchal-lieutenant Macquire la permission d’aborder la ligne ennemie. Ce fait d’armes fut accompli sous un feu d’artillerie formidable et avec un tel succès que les Prussiens jetèrent leurs armes et abandonnèrent leurs pièces. Les Autrichiens se rendirent maîtres de la position. Cette action d’éclat valut à Amadei le grade de colonel (5 juillet). À l’attaque des ouvrages extérieurs de la place de Schweidnitz, le 11 novembre de la même année, il prit le commandement supérieur de la colonne d’attaque et la chute de la forteresse fut décidée dès le second assaut. En 1758, il obtint l’ordre de Marie-Thérèse. À la bataille de Hochkirck, le colonel Amadei s’empara de la grande redoute qui était armée de trente-neuf canons et contribua par là puissamment à la brillante victoire des Autrichiens. En 1760, il fut nommé général-major. Le 1er  octobre 1761, le général Laudon confia à sa valeur éprouvée la direction des quatre colonnes d’attaque qui devaient emporter de nouveau la forteresse de Schweidnitz ; le général Amadei s’acquitta de cette mission en héros ; il combattit personnellement partout où la mêlée était la plus acharnée et eut une grande part à l’honneur de la journée. En 1795, le général Amadei fut promu au grade de feld-maréchal-lieutenant et mourut comme commandant du château de Milan, après soixante-deux années de service qu’il avait consacrées avec gloire à quatre souverains successifs.

Le général Guillaume.

* AMAND (Saint), évêque, missionnaire. Vers la fin du vie siècle vivait à Herbauges, ville de la seconde Aquitaine, une famille de Gallo-Romains, dont le chef, Serenus, gouvernait sagement le pays comme vassal des rois francs. Rien ne parut manquer à la grandeur de sa maison, déjà riche autant que puissante, quand Dieu le rendit père, en 594, d’un fils qui reçut le nom d’Amand et qui lui laissa entrevoir dès l’enfance les qualités les plus brillantes. Mais la Providence avait sur le jeune homme d’autres vues que Serenus. Elle sut lui inspirer bientôt un profond dégoût des biens et des honneurs du monde qui le porta à se retirer d’abord dans un couvent de l’île d’Yeu et ensuite près du tombeau de Saint-Martin à Tours, où il reçut la tonsure cléricale. Plus tard, il se rendit à Bourges et s’y renferma, d’après les conseils de l’évêque saint Austrégisile, dans une retraite absolue qu’il rendit heureuse et douce par la pénitence et l’étude des saintes lettres. Ce fut pendant cette vie solitaire de quinze ans qu’il fut promu au sacerdoce. Afin de mieux se préparer ensuite aux travaux de l’apostolat, pour lequel il se sentait une vocation singulière, il se rendit à Rome et y reçut de saint Pierre, qui lui était apparu en vision, l’ordre de porter la parole de vie dans les parties encore idolâtres de la Gaule. Sacré évêque régionnaire à son retour, Amand s’empressa de remplir sa mission, et s’enfonçant dans les forêts de la Ménapie, il prêcha d’abord l’Évangile à Courtrai et à Tourhout, où il apprit qu’il existait, sur les rives de l’Escaut un canton appelé Gant, redouté par les missionnaires à cause de la stérilité des terres et la férocité des habitants. Inaccessible à la crainte, le jeune apôtre y pénétra et fut effectivement honni, maltraité et plus d’une fois jeté dans l’Escaut par ces barbares ; mais son inaltérable douceur, sa parole persuasive et surtout un miracle qu’il obtint du Tout-Puissant changèrent entièrement leurs dispositions : ils accoururent bientôt en foule aux instructions du saint, brisèrent eux-mêmes les idoles et détruisirent leurs temples. Pour consolider son œuvre, Amand établit dans l’endroit deux abbayes auxquelles la piété et la science des religieux acquirent plus tard une grande célébrité. Dans ces fondations, l’homme de Dieu avait été puissamment secondé par le roi Dagobert ; il s’en crut d’autant plus obligé de reprendre ce prince de son libertinage. Une sentence d’exil fut la récompense de son zèle, et le força de se retirer dans les États du roi Caribert, où il mit sa disgrâce à profit en évangélisant les pays qu’on ap-