Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/169

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faisait couper les mains à toute une garnison désarmée[1] ; qui avait l’habitude d’annoncer son approche par l’incendie de toutes les habitations qu’il rencontrait sur son passage[2] ; qui faisait fermer l’issue des cavernes, afin de laisser mourir de faim une population inoffensive[3] ; qui, plein de mépris pour toutes les croyances et toutes les traditions des Gaulois, se faisait un jeu de dépouiller les temples et même les chapelles particulières[4] ? De quel droit enfin les Romains venaient-ils imposer leur joug aux populations heureuses et libres de la Belgique ? Ambiorix a commis des fautes plus graves que la perfidie du rôle qu’il joua en présence des envoyés de Sabinus et de Cotta. En commençant l’attaque avant le départ de César pour l’Italie, avant même qu’il eût reçu la nouvelle du soulèvement des Tréviriens, il compromit, dès le début, le succès de la grande et noble cause à laquelle il avait voué sa vie[5][6]. Plus tard, en donnant, tête baissée, dans le piége grossier que César lui tendit sur le territoire des Nerviens, il fit preuve d’une imprudence peu commune. Plus tard encore, sachant que César se trouvait sur les rives du Rhin, il se laissa surprendre par la cavalerie romaine, sans avoir pris aucune précaution, soit pour la lutte, soit pour la retraite. À la vérité, relativement à sa conduite chez les Nerviens, on allégue que, se trouvant sur leur territoire, il était lui-même soumis au commandement supérieur de leurs chefs, et que, dès lors, on ne saurait lui attribuer la responsabilité des erreurs commises. Quelques passages des historiens que nous avons cités autorisent l’admission de cette excuse, et nous y sommes d’autant plus disposé que le roi des Éburons ne nous est connu que par les récits de ses adversaires : redoutable épreuve à laquelle ne résisterait pas la gloire de plus d’un héros des temps modernes. La postérité a oublié les fautes commises par Ambiorix pour ne songer qu’à l’héroïsme de ses actes, à la grandeur de ses efforts, à l’élévation de son but. Nos poëtes ont chanté sa bravoure, nos sculpteurs et nos peintres ont fait revivre les principaux épisodes de sa lutte contre les dominateurs du monde. À l’heure où nous écrivons, le gouvernement, la province de Limbourg et la ville de Tongres prennent les dernières mesures pour lui ériger une statue de bronze. Debout sur un rocher, la hache à la main, le pied posé sur des faisceaux romains, il semblera redire, d’âge en âge, la célèbre maxime des Germano-Belges : « La mort est préférable à la domination de l’étranger ! »

J.-J. Thonissen.

Cæsar, Commentarii de Bello Gallico, liv. V et VI. — Florus, Epitome de Gestis Romanorum, liv. III, c. XI — Dion Cassius, Hist. rom., liv. XL. — Suetonius, J. Cœsar — Hirtius, Bellum Gallicum. — Orosius, Historiœ, liv. VI, c. X. — Amedée Thierry, Histoire des Gaulois.

AMBROISE (Le père), écrivain ecclésiastique, né à Huy, au xviie siècle. Voir Warem (Ambroise DE).

AMBROISE DE DYNTER, secrétaire de Philippe le Bon, né à Dynter[7] en 1404, mort en 1490. Voir Dynter (Ambroise DE).

AMBROISE DE GAND, AMBROSIUS GANDENSIS ou A GANDAVO, mathématicien, né à Gand vers la fin du xve siècle ou dans les premières années du xvie. Religieux de l’ordre de Saint-Bernard, il passa la plus grande partie de sa vie en Espagne, à l’abbaye de Spina, dans la Vieille-Castille. Doué d’une intelligence souple, Ambroise de Gand se distingua par sa vaste érudition ; il se voua particulièrement à l’étude des sciences, et prit rang parmi les mathématiciens les plus célèbres de l’époque. Son éloquence et sa rare habileté dans les affaires lui acquirent une telle réputation, que Charles-Quint l’appela auprès de lui et le traita avec une grande intimité. Après la mort de l’Empereur, son fils et successeur Philippe II continua à accorder à Ambroise sa protection et sa faveur. Ce savant religieux a écrit plusieurs ouvrages dont

  1. Hirtius, Bell.-gall., chap. XLIV.
  2. Ibid., liv. V, chap. XLVIII.
  3. Florus, Hist. liv. III, chap. XI.
  4. Suetonius, Vit. Cœs., chap. LIV.
  5. On a voulu, bien a tort, expliquer sa précipitation par le désir de profiter de la révolte des Carnutes contre leur roi Fargot (Comm., liv. V, chap. XXV.)
  6. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Fargot, lisez : Tasget.
  7. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Dynter, lisez : Turnhout.