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lèbre régiment de dragons de Saint-Ignon qui s’illustra plus tard sous le nom de Latour. En 1789, lors des événements de la révolution brabançonne, le comte d’Arberg commanda une colonne autrichienne chargée de réprimer le mouvement insurrectionnel dans les Flandres. Il pénétra dans Gand, mais dut évacuer cette ville après deux jours d’une lutte sanglante avec les habitants et les volontaires. Enveloppé dans la disgrâce qui frappa le général d’Alton, il quitta le service, ainsi que tous ses emplois, et finit ses jours dans la retraite.

Le général Guillaume.

Delvenne, Biographie des Pays-Bas. — Piron, Levensbeschryving. — Guillaume, Histoire des Régiments nationaux. — Gérard, Rapedius de Berg. — Michaud, Biographie universelle.

*ARBOIS (Philippe D’), évêque de Tournai, en 1350. Ce prélat emprunta son nom à la petite ville d’Arbois, en Bourgogne, où il avait vu le jour. Après avoir commencé, par une modeste cure, celle de Beuvry, près de Béthune, il mérita bientôt la protection des princes, et vit s’ouvrir devant lui la carrière des plus hautes dignités. Le comte de Flandre, Louis de Male, en fit son aumônier et l’admit à son conseil. Il résidait à Bruges, où il était revêtu de l’importante charge de doyen de Saint-Donat. A cette époque, le comte lui confia une mission diplomatique à la réussite de laquelle il attachait le plus grand prix. Il s’agissait d’obtenir du duc de Brabant la main de sa fille, en dépit des Flamands, qui voulaient l’alliance de l’Angleterre. Aidé de Josse de Hemsrode, le doyen de Bruges conduisit à bonne fin les négociations, et signa finalement la convention de Binche (1347).

Philippe d’Arbois ne sut pas moins se ménager les bonnes grâces du roi de France. Son élévation à l’évêché de Noyon fit de lui un pair du royaume. Peu après, en 1350, il dut à la faveur royale le siége plus considérable de Tournai. Ce fut un saint pasteur, nous disent ses contemporains. Il prit, du reste, ses précautions pour laisser de lui une mémoire recommandable, par le nombre et l’importance de ses libéralités. Plusieurs édifices sacrés lui durent l’existence. C’est grâce à une de ses fondations que les chartreux purent établir, à Chercq, un couvent de leur ordre. Il aida aussi les augustins à bâtir leur église dans la ville. A Paris, il agrandit le collége de Tournai. Le lieu même de sa naissance vit s’élever une chapelle construite de ses deniers. Sa cathédrale ressentit aussi les effets de son inépuisable munificence. Il y fonda, entre autres, sous certaines conditions, une chapellenie à l’invocation de saint Martin. Enfin, sa sollicitude pour l’Église ne lui fit point oublier les pauvres, dont il mérita d’être appelé le père.

Ce sont là des qualités auxquelles le peuple refuse rarement sa faveur. L’évêque d’Arbois sut mériter celle des Tournaisiens. Un trait remarquable de sa vie le prouve : A l’occasion d’un impôt établi sur les denrées par un gouverneur nommé Oudart de Renty, tout récemment envoyé par le roi, la population s’était mise en révolte. Durant un jour et une nuit, la bonne ville fut à la merci d’une foule furieuse, qui ouvrait les prisons, et brisait les portes des bourgeois paisibles. Le sire de Renty, plus mort que vif, avait cherché un refuge dans la cathédrale. Le lendemain, l’évêque le conduisit à la maison de ville, et, du haut du perron, harangua le peuple. Il était éloquent, et ses paroles eurent assez d’autorité pour rétablir l’ordre et la paix, grâce, sans doute, à la promesse qu’il fit d’intercéder auprès du roi pour le retrait de la mesure fiscale qui avait causé les désordres.

Laissant de côté certaines particularités moins importantes de sa carrière épiscopale, nous rappellerons seulement que c’est Philippe d’Arbois qui bénit, à l’église Saint-Bavon, de Gand, le mariage mémorable de Marguerite de Male avec Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, participant ainsi à jeter les fondements de cette puissance merveilleuse des grands ducs d’Occident, qu’on doit regarder comme la véritable aurore de notre vie nationale.

On éleva au digne évêque, dans sa cathédrale, un mausolée que les iconoclastes détruisirent en 1564. Relevé une dizaine d’années après par l’évêque Pintaflour, qui voulut y reposer à côté de son prédécesseur, il fut une dernière fois violé