Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la recherche de l’albâtre nécessaire au mausolée qu’il se proposait de faire élever dans la chartreuse de Dijon, à la mémoire de Jean sans Peur, son père, ainsi que le constatent les registres de la recette générale de la maison de Bourgogne, conservés aux archives du département du Nord, à Lille. En 1442, le duc bailla à ces trois artistes une somme de 600 livres « pour à très-grand frais, peine et diligence, trouvé une pierrière d’albastre estant au plus près de Salins, en icelle avoir fait la descouverte pour y trouver à prendre pierres nécessaires pour la sépulture de feu monseigneur le duc Jehan, qui Dieu pardoit, laquelle monseigneur a intention de faire faire aux chartreux lez Dijon. »

Le 29 mars 1448,le magistrat de Louvain posa la première pierre de l’hôtel de ville de cette cité, et la construction de cet admirable édifice attira bon nombre de sculpteurs. Ards se fixa à Louvain en 1449. On lui confia l’exécution des bas reliefs de pierre qui ornent les socles des poutres du rez-de-chaussée du nouveau palais communal. Ce fut également lui qui exécuta les bas-reliefs de bois des clefs des poutres. Après avoir terminé ces diverses sculptures, on le chargea de l’exécution des bas-reliefs des socles et des clefs des poutres de l’étage, circonstance qui prouve qu’on était satisfait de son travail. Ards exécuta, en outre, une statue de la sainte Vierge, qui fut placée dans l’entrée de l’hôtel de ville. Cette statue, qui s’élevait sur un socle orné de bêtes fantastiques, était entourée de quatre anges. L’artiste toucha, pour l’exécution des bas-reliefs des poutres de l’étage et de la statue de la Vierge, une somme de trente cinq peters d’or.

La statue de la Vierge n’existe plus ; mais les bas-reliefs dont nous venons de parler ornent encore les plafonds de l’édifice. Ils représentent des sujets tirés de l’Écriture sainte. Ces bas-reliefs, traités avec une naïveté charmante, prouvent que l’artiste fut l’un des bons tailleurs d’images de cette époque.

Ards exécuta, en 1453, un saint sépulcre pour être placé dans la crypte de l’église de Notre-Dame de Gembloux. Ce travail consistait en onze statues de chêne, figurant le Christ au tombeau, Joseph d’Arimathie, Nicodème, les trois Marie, trois chevaliers et deux anges. On le lui paya trente peters d’or. Ces diverses statues furent magnifiquement enluminées par Rodolphe van Velpe, peintre à Louvain, qui toucha de ce chef une somme de seize peters d’or. On ne possède pas des renseignements sur le sort ultérieur de Guillaume Ards, qui était encore à Louvain en 1454.

Ed. Van Even.

Comte de Laborde, Les Ducs de Bourgogne, t. I, p. 383. — Van Even, Louvain monumental, p. 137. — Registres de l’ancien échevinage de Louvain.

ARENBERG (Jean de Ligne, comte D’). Nous n’avons à nous occuper ici de l’ancienne et illustre maison d’Arenberg que depuis le mariage de Marguerite de la Marck, fille et héritière de Robert de la Marck, avec Jean de Ligne, à qui elle apporta en dot le comté d’Arenberg. C’est à dater de cette époque seulement qu’elle appartient à la Belgique, pays auquel elle a fourni une suite d’hommes distingués, dont les uns se sont signalés sur les champs de bataille, d’autres ont joué un rôle important sur la scène politique, et presque tous ont été appelés à remplir des charges éminentes dans l’État.

En vertu d’une des stipulations du contrat de mariage de Jean de Ligne et de Marguerite de la Marck, leurs enfants et descendants prirent le nom et les armes d’Arenberg qu’ils ont toujours portés depuis.

Jean de Ligne naquit, en 1525, de Louis, baron de Barbançon, et de Marie de Berghes, dame de Zevenberghe. Il débuta dans la carrière des armes, en 1543, par le commandement d’une compagnie de cavalerie (16 mai). Au mois de janvier 1546, le chapitre de la Toison d’or, tenu par Charles-Quint à Utrecht, l’élut chevalier de cet ordre illustre. L’Empereur, résolu à faire la guerre aux protestants d’Allemagne, ordonna, la même année, à Maximilien d’Egmont, comte de Buren, de lui amener en ce pays douze mille gens de pied et cinq mille chevaux ; d’Egmont choisit Jean de Ligne pour l’un de ses lieutenants. Le corps