mis quelques ressources à sa disposition, elle fit savoir à d’Arenberg qu’il pouvait lever quatre enseignes de gens de pied de deux cents têtes chacune (19 novembre) ; plus tard, sur les ordres qu’elle reçut de son frère, elle l’autorisa à rassembler quinze cents hommes répartis sous cinq enseignes (22 décembre).
D’Arenberg avait, au commencement d’octobre, quitté Leeuwaerden, où ses ordres n’étaient plus respectés ; il s’était retiré à Hasselt, puis à Lingen : il se disposa à y retourner, dès qu’il eut réuni des forces suffisantes. Il se rendit d’abord à Zwoll (26 décembre) : dans cette ville d’Overyssel des prêches avaient eu lieu, mais il n’y avait été commis aucune violence contre les lieux sacrés ; en promettant aux magistrats l’oubli de ce qui s’était passé, il les détermina à remettre d’eux-mêmes en son ancien état l’exercice du culte catholique. De Zwoll il alla s’établir à Bergum, à une lieue de Leeuwaerden, où il commanda à ses capitaines de venir le joindre avec leurs gens (6 janvier 1567). Là il reçut une députation des bourgmestres de Leeuwaerden, chargée de le supplier d’entendre à quelque accord au moyen duquel ils pussent conserver la nouvelle religion en concurrence avec l’ancienne : il rejeta cette demande, et exigea que les prédicateurs luthériens se retirassent de la ville et de sa juridiction ; que le répositoire du saint sacrement, ainsi que les autels, images, ornements, joyaux et toutes autres choses appartenant à l’église, qui avaient été ôtées ou rompues, fussent restitués et réparés ; que le service divin fût rétabli en toutes les églises avec les cérémonies pratiquées d’ancienneté, de manière qu’il ne subsistât rien des nouveautés qui avaient été introduites en matière de religion ; enfin que les bourgeois déposassent au château leur artillerie et leurs munitions de guerre : moyennant l’accomplissement de ces conditions, il leur donna l’assurance, par un acte signé de sa main, sous le bon plaisir toutefois de la gouvernante, qu’il ne chargerait pas les bourgeois de gens de guerre, ne mettrait pas garnison dans la ville, et ne s’y ferait accompagner que de sa maison et de sa garde de cinquante chevaux ; il les assura encore que personne ne serait recherché, appréhendé ni endommagé en corps ni en biens, à raison des troubles passés (15 janvier). Le 20 janvier, il entra dans la ville, laissant ses cinq enseignes d’infanterie à Bergum. Quelques jours après, le secrétaire de Brederode, Ylpendam, ne craignit pas de se présenter à Leeuwaerden, pour y ranimer le zèle des partisans de la confédération ; il le fit arrêter (31 janvier) et enfermer au château, où il le retint, malgré ses protestations et celles de son maître. La duchesse de Parme n’avait pas approuvé l’acte du 15 janvier : il négocia avec les bourgmestres pour en obtenir la modification, et, sur leur refus, il le révoqua et fit occuper la ville par deux de ses compagnies (3 mars) ; il en mit deux autres en garnison à Sneeck, et la cinquième à Sloten. Groningue et Deventer furent plus difficiles à réduire ; ce fut seulement après que Noircarmes fut arrivé en Hollande avec plusieurs régiments, que Brederode eut été chassé de Vianen et forcé de s’enfuir d’Amsterdam, que d’Arenberg les amena à se soumettre aux volontés du roi et de la gouvernante. Le 7 juin, il occupa Groningue avec quatre enseignes de hauts Allemands. Les magistrats de Deventer alléguaient que, s’ils avaient toléré l’exercice de la nouvelle religion, ils ne l’avaient fait que pour maintenir la paix publique ; que, dans leur ville, les autels, images et autres choses sacrées étaient restés intacts, que leurs bourgeois n’avaient pris part à aucune confédération, ligue ou alliance : à la faveur de ces raisons, ils demandaient, avec de vives instances, qu’on ne les obligeât pas à recevoir des gens de guerre ; il intercéda pour eux, et la gouvernante consentit qu’ils en fussent exemptés, à certaines conditions. L’autorité royale et l’ancienne religion se trouvèrent ainsi rétablies, sans effusion de sang, dans les provinces de Frise, d’Overyssel et de Groningue : car l’exemple que les villes capitales avaient donné, les villes secondaires et le plat pays ne tardèrent pas à le suivre. Un historien hollandais attribue ces résultats « à la réputation que le comte d’Arenberg avait d’être doux et porté à la clémen-