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de Cologne, et le bailliage de Meppen, dépendant de l’ancien évêché de Munster. Ces deux pays, dont la population est d’environ soixante et dix mille âmes, forment aujourd’hui le duché d’Arenberg. En 1815, le bailliage de Meppen a été placé sous la souveraineté du roi de Hanovre, et le comté de Recklinghausen sous celle de la Prusse.

Les biens du duc d’Arenberg en France et en Belgique étaient sous le séquestre depuis 1794. Pour les recouvrer, il se vit dans l’alternative, ou de les vendre dans le délai de deux ans, ou de les abandonner à ses fils, alors mineurs, à moins qu’il ne préférât céder à son fils aîné ses possessions d’Allemagne, avec tous les droits politiques qui lui compétaient comme membre de l’empire germanique, et rentrer en France avec ses fils puînés. Ce fut ce dernier parti qu’il adopta : en conséquence, un arrêté du gouvernement de la république, du 6 brumaire an XII (29 octobre 1803) leva le séquestre existant sur ses biens, sans toutefois lui accorder d’indemnité pour ceux qui avaient été aliénés. Il avait dû aussi renoncer à son titre de duc. Napoléon, devenu empereur, pour l’attirer à Paris, le fit comte de l’empire, sénateur, chevalier, puis officier de la Légion d’honneur et grand officier de l’ordre de la Réunion.

Après les événements de 1814, il revint en Belgique ; le 23 septembre de cette année, il reçut, à son château d’Héverlé, le prince souverain des Pays-Bas, Guillaume d’Orange, qui visitait, pour la première fois, la ville de Louvain. Dans le même temps, d’accord avec son fils, le duc Prosper-Louis, il rentra en possession du duché d’Arenberg. Il mourut à Bruxelles le 7 mars 1820. « Un grand nombre de vertus et de qualités aimables, dit un journal du temps, l’avaient fait respecter et chérir… Noble par caractère, bon par naturel, d’une humeur égale et douce, ses amis et tous ceux qui l’ont connu perdent en lui l’un de ces hommes dont chaque parole est l’empreinte d’une belle âme[1]. » Au témoignage de ses contemporains, il faisait, avec une dextérité singulière, servir ses autres sens à remplacer celui dont il était privé depuis sa jeunesse.

Le duc Louis-Engelbert avait épousé, le 19 janvier 1773, Pauline-Louise-Antoinette-Candide, fille du duc de Brancas-Villars, comte de Lauraguais ; il en eut quatre fils et une fille.

Gachard.

ARENBERG (Auguste-Marie-Raymond, prince D’) et comte de la Marck, général et diplomate, né à Bruxelles le 30 août 1753. Il était le deuxième fils issu du mariage de Charles-Marie-Raymond d’Arenberg avec Louise-Marguerite, fille et héritière unique de Louis-Engelbert, dernier descendant mâle des comtes de la Marck. Ce seigneur disposa en faveur de son petit-fils du régiment d’infanterie allemande (le régiment de la Marck) qu’il possédait en pleine propriété au service de France. A la mort de son aïeul, le prince Auguste prit le titre de comte de la Marck. Il fut envoyé dans l’Inde avec son régiment et prit part au combat de Gondelour, où il fut grièvement blessé d’un coup de fusil dans la poitrine. Rentré en France, il reçut une seconde blessure dans un duel où il avait été provoqué par un officier suédois ; celui-ci reçut un coup d’épée dans l’œil et tomba mort. Quelque temps après, le comte de la Marck fut nommé maréchal de camp et inspecteur général d’infanterie. Il avait épousé, en 1774, la marquise de Cernay, qui lui avait apporté en dot la magnifique terre de Raismes, entre Valenciennes et Tournai. La possession de ce domaine lui permit, en 1789, quoiqu’il ne fût point naturalisé français, de représenter le Quesnoy aux états généraux. Ce fut là qu’il reprit ses relations avec Mirabeau dont il avait fait la connaissance l’année précédente et dont il partageait, à certains égards, les opinions politiques. De même que Mirabeau, il aurait voulu établir en France le gouvernement monarchique constitutionnel. Necker fit échouer les premières tentatives du comte de la Marck pour rallier Mirabeau à la cour. Le comte de la Marck quitta la France et se rendit dans les Pays-Bas, où il prit une part assez notable à la révolution qui venait d’éclater

  1. L’Oracle, n° du 8 mars 1820.