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nombre : preuve assez claire qu’on avait distingué la solidité et la ferveur de ses convictions. Cependant, dès le 30 mars, la retraite précipitée des Français, trahis par la victoire, fit rentrer pour trois mois dans le néant les nouveaux administrateurs. La victoire de Fleurus leur rendit le pouvoir : Auverlot fut promu alors aux fonctions de fiscal et d’accusateur public de la commune (1794). Ses connaissances juridiques le désignèrent, la même année, au choix de l’administration centrale de la ci-devant Belgique, pour faire partie de la commission provisoire de justice, destinée à remplacer, jusqu’à la constitution des nouveaux tribunaux, l’ancienne organisation judiciaire, balayée par la tourmente. En le nommant ensuite commissaire du pouvoir exécutif près la municipalité de Tournai, le directoire témoignait la confiance la plus étendue dans son énergie et dans son civisme. Un trait de sa carrière administrative nous fait estimer en lui un de ces hommes que leur présence d’esprit et leur décision rendent si précieux aux jours d’orage ; un de ces citoyens dévoués qui, sous la domination étrangère, ne se laissent pas aller à une égoïste abstention, et aiment mieux accepter les chances redoutables de l’autorité que de la laisser tomber en des mains indignes et devenir un instrument d’anarchie. Après le coup d’État de fructidor, il y eut un retour de terreur, avec le cortége ordinaire d’aveugle vandalisme. Les saints de pierre qui peuplent le large portique de la vieille cathédrale couraient le danger d’être septembrisés. Auverlot, pour protéger ces hôtes inoffensifs, n’hésita pas à faire murer les baies ogivales donnant accès dans le saint lieu. Les Tournaisiens ne se montrèrent pas ingrats envers l’intrépide commissaire. Élu en 1798, membre du conseil des Cinq-Cents, il alla ensuite siéger au Corps législatif jusqu’en l’an xii (1803). Une mort subite mit fin, en 1820, à une carrière si bien remplie : ses dernières années s’étaient passées dans l’exercice paisible d’une charge de notaire qu’il possédait depuis l’an V.

F. Hennebert.

Hoverlant, Histoire de Tournai. — Chotin, Histoire de Tournai. — Documents inédits.

AUVIGNY (Jean DE CASTRE D’), écrivain et militaire, naquit, en 1712, dans le Hainaut et fut tué au combat de Dettingen en 1743. Il servit avec distinction dans les chevau-légers et se fit un nom dans les lettres par la publication de plusieurs ouvrages historiques dont quelques-uns ne sont pas sans mérite, notamment les trois premiers volumes d’une Histoire de Paris et les huit premiers volumes des Vies des Hommes illustres de la France, ouvrage qui fut continué par l’abbé Perau et par Turpin. On a encore de Jean de Castre, qui travaillait en collaboration avec l’abbé Desfontaines, deux volumes d’Amusements historiques et les Mémoires (prétendus) de Mademoiselle de Barneveldt, 2 volumes.

Général Guillaume.

AUVIN (Charles-Joseph-Arnold-Victor baron D’) ou DAUVIN, homme de lettres, né à Burdinne (comté de Namur), le 31 juillet 1756, de Jean Charles d’Auvin et de Françoise de Hamal. Il appartenait à une ancienne famille namuroise qui a donné, au siége épiscopal de Namur, Jean d’Auvin, son sixième évêque (qui suit). Dans des actes du xvie et du xviie siècle, ses ancêtres sont qualifiés de nobles, de chevaliers et d’écuyers ; l’un d’eux même est désigné sous le titre de baron Ch. d’Auvin. Nous le voyons figurer lui-même dans la liste des personnes admises à siéger à l’état noble de Namur, en 1788, sous la désignation de M. d’Auvin, seigneur d’Hodoumont. C’est la seule particularité que l’on connaisse de sa vie publique.

« Orphelin très-jeune, dit-il lui-même, dans ses Mélanges (cahier V, p. 57), j’ai voyagé beaucoup. J’ai parcouru la France, l’Allemagne tout entière, la Hongrie, la Transylvanie, la Hollande, la Pologne, la Prusse et l’Italie. Mon goût pour l’histoire naturelle a absorbé toutes mes attentions. Quoique j’aie appris la langue de la plupart des pays que j’ai visités, j’ai cependant voyagé avec très-peu de fruits, parce que j’étais trop jeune. Je n’ai recueilli de ces grands espaces que j’ai parcourus que des minéraux, des pétrifications, des coquillages et quelques objets d’art