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d’Ascensius et travailla pour son propre compte.

Robert Gaguin, bibliothécaire du Louvre, qui avait apprécié ses productions typographiques, l’engagea à imprimer son Histoire de France et à venir se fixer à Paris, tant pour s’y perfectionner dans son art que pour y enseigner la langue grecque. Badius se rendit dans cette ville en 1499, y fut nommé professeur de belles-lettres à l’Université et établit son imprimerie, devenue si célèbre depuis sous le nom de Prælum Ascensanum, dans la rue Saint-Jacques, à l’enseigne des Trois Loups. Il s’y appliqua à réformer les caractères typographiques un peu carrés de la Sorbonne, usités jusqu’alors, fit graver de nouveaux poinçons et introduisit dans son art ces belles lettres rondes ou caractères romains qui remplacèrent successivement les caractères gothiques.

Sa réputation d’érudit grandit bientôt autant que celle de typographe habile. Trithème avait dit de lui : Vir in sæcularibus literis eruditissimus et Divinarum Scripturarum non ignarus, philosophus, rhetor et poeta clarissimus, ingenio excellens et disertus eloquio (De Scriptoribus Ecclesiasticis, p. 393). Érasme, de son côté, ne tarit pas en éloges, dans son Dialogus Ciceronianus, sur le compte de Badius, qu’il compare, pour le savoir et l’érudition, à Budée qui, lui aussi, faisait grand cas de cet imprimeur et lui confiait la publication de ses œuvres.

Les ouvrages composés par Josse Badius appartiennent à la première partie de sa vie, alors que n’ayant pas encore embrassé la carrière de typographe, il avait eu tous les loisirs nécessaires pour se livrer à ses goûts littéraires. En les énumérant, Trithème ajoute, en effet (De Script. ecclesiasticis, p. 393 in-4o, 1546), qu’en 1494, époque où il donna cette liste, Badius n’avait encore que trente-deux ans.

Voici ses principaux écrits :

1o  Stultiferæ naves sensus animosque trahentes mortis in exitium, autore Jodoco Badio Ascensio. Ce livre fut imprimé à Paris, chez Thilmannus Kerver, en 1500, in-4o, réimprimé[1] en 1502 par J. Prutz, de Strasbourg, et traduit en français par Jean Droyn sous le titre de la Nef des Folles. Il existe trois éditions de cette traduction qui est plutôt une nouvelle rédaction (Brunet, Manuel du libraire, 5e édition, au mot Badius). — 2o  Sylvæ morales sive excerpta ex variis auctoribus latinis, cum interpretatione Jos. Badii Ascensii. Impressum est hoc opus diligenti cura atque industria Johannis Trechsel, in civitate Lungdunensi, anno MCCCCXCII, in-4o.— 3o  Badii Ascensii nec non Sulpitii de componendis epistolis cæteraque opuscula. Norimb. impr. Joh. Rynman ; 1504. — 4o  Allegoriæ moralesque sententiæ in utrumque divinœ legis instrumentum. Parisiis, 1529, in-fol., Prælum Ascensanum.

Trithème (loco cit.) lui attribue encore de son côté :

1o  Contra Vincentium, lib. I. — 2o  Psalterium Β. Mariæ versibus Saphicis. — 3o  De Grammatica, lib. I. — 4o  Epigrammata plura, lib. I. — 5o  Epistolæ variæ ou de Conscribendis epistolis Isagoge. Ce dernier ouvrage semble être le même que le no 3 ci-dessus indiqué.

Nous croyons cependant que ces derniers écrits appartiennent aux préfaces, commentaires et épîtres dédicatoires dont Badius enrichit les nombreuses publications sorties de ses presses. Paquot (Mémoires manuscrits de la Bibl. Royale, pp. 954 et suiv.) énumère la plupart des auteurs, tant sacrés que profanes, qu’il édita, expliqua ou commenta. Nous citerons Raymond Lulle, Laurent Valla, Baptista Mantuanus, Petrus Burrus, Juvencus, Béroald, Pétrarque, Pæanas, Térence, Horace, Cicéron, Salluste, Valère Maxime, Ovide, Perse, Sénèque, Lucain et Quintillien.

On lui doit encore une vie de Thomas à Kempis mise en tête des œuvres de ce théologien célèbre, imprimées par lui, à Paris, in-fol., en 1523. Sa prose comme ses vers se distinguent par un goût épuré, une connaissance approfondie des classiques et une grande élévation de pensée.

  1. Sous le titre de : De Stultifera navicula seu scapha fatuarum mulierum circà sensus quinque exteriores fraude navigantium.