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par M. Le Glay vont jusqu’à 1133. L’estime que le moyen âge faisait de son œuvre a subi victorieusement le contrôle d’une critique plus éclairée et plus sévère. L’auteur, qui empruntait dans son préambule cette belle maxime d’un ancien : Melius est tacere quam falsa proferre, mérite qu’avec les Bénédictins, on loue la vérité de sa narration. Quant au style, il ne manque ni de fermeté, ni de rapidité, bien qu’il ait pour instrument un latin souvent incorrect. On y sent un esprit nourri aux sources antiques ; mais peut-être y voudrait-on moins de sécheresse. Il est rare que l’écrivain s’échauffe, sauf, par exemple, quand il raconte la défense des Cambrésiens contre l’attaque des Hongrois. Trop souvent aussi sa brièveté désespère notre curiosité légitime. Les nombreuses citations d’auteurs et les documents qu’il insère dans la chronique n’ajoutent point peu à la valeur de celle-ci. Les principaux manuscrits de Baldéric reposent à Arras, à Paris, à Douai et à Bruxelles. Éditée pour la première fois en 1615, par notre compatriote Colvenère, professeur à l’Université de Douai, le Chronicon Cameracense et Atrebatense a été republié en 1834, par le regrettable M. Le Glay.

F. Hennebert.

Hist. littér. de la France, t. XIII, p. 405 ; t. VIII, p. 400. — Recueil des hist. de France, t. XI, pp. 31, 122 ; t. VIII. — Acta SS. Belg., t. II, p. 7. — Nouvelles Archives historiques des Pays-Bas, n° 10, p. 372. — Chronique d’Arras et de Cambrai, par Baldéric, revue par le docteur Le Glay. Paris, 1834.

BALDÉRIC, quarante-deuxième évêque de Tournai-Noyon, 1099-1112. Baldéric monta sur le siége épiscopal des diocèses de Noyon et Tournai réunis, en 1099, après Radbod. Il eût pour père un chevalier artésien nommé Aibert, sire de Sarchinville et de Quéant. L’un de ses frères remplit les fonctions d’archidiacre à Cambrai ; un autre y fonda une église ; mais lui-même n’appartint jamais au clergé de la cité impériale. On a cependant voulu voir dans notre évêque l’auteur de la célèbre chronique d’Arras et de Cambrai, dont il vient d’être parlé à l’article précédent. M. Aug. Thierry a sanctionné cette légère erreur bibliographique, en la reproduisant dans sa dix-septième lettre : il suivait en cela de respectables autorités, au premier rang desquelles nous compterons le premier éditeur de la chronique, Colvenère. Mais il est impossible de continuer à identifier ces deux personnages, en présence de la lettre adressée à Lambert, évêque d’Arras, par le chapitre de Noyon, lettre que Baluze a publiée. Ces témoins irrécusables, puisqu’ils sont contemporains, y revendiquent Baldéric le prélat comme n’ayant cessé d’appartenir à leur église, qui l’a nourri enfant et où il est devenu « d’élève chanoine et de chanoine pontife. » Or le chroniqueur nous apprend lui-même que, dès l’enfance jusque vers 1044, il a passé ses jours à Cambrai ; et l’on ne peut guère contester sérieusement qu’il ne se soit rendu chez les Morins en 1082 et n’y ait vécu jusqu’en 1094. De plus, ou possède un sceau qui démontre que Baldéric était déjà en lO93 archidiacre de Noyon : comment le même individu eùt-il pu se trouver, en 1094, chantre de l’église de Thérouanne ? Ce sont cependant ces contradictions qu’on semble avoir voulu concilier dans une épitaphe qui figurait à la cathédrale de cette ville avant sa destruction, au xvie siècle, et qui était ainsi conçue : P. Baldericus hujus ecclesiæ cantor et episcopus Noviomensis anno Verbi incarnati MCXII, prælationis suæ XV pridiè kalen. junii obiit meritis et chronico Cameracensi illustris. N’ayant pas de documents qui nous permettent de contester le fait de la mort et de l’inhumation, à Thérouanne, en 1112, bornons-nous à faire remarquer ce qu’il y a d’invraisemblable, sinon dans la date, au moins dans l’indication du fait. On est, du reste, d’accord pour récuser l’autorité de l’épitaphe et pour la considérer comme ayant été faite postérieurement, à une époque où la confusion de deux Baldéric, si voisins en tous points, s’explique aisément.

L’évêque de Tournai n’a pas besoin, d’ailleurs, pour se recommander à l’attention de se parer des œuvres d’un contemporain : outre ses libéralités envers son église et les réformes de monastères qu’il autorisa, il eut à pacifier un grave