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la place, le prince sollicita et obtint la permission de se rendre à Madrid pour se justifier[1]. Il y réussit vraisemblablement, puisque, à l’ouverture de la campagne suivante, il fut appelé à un commandement dans l’armée qui, sous les ordres de Guillaume III et de Maximilien-Emmanuel, devait tenir tête aux Français. Il déploya une grande valeur, le 29 juillet 1693, à la bataille de Landen ou de Neerwinden, l’une des plus sanglantes dont fassent mention les annales militaires, et dans laquelle, durant six heures, la victoire demeura indécise, les Français ayant été repoussés jusqu’à cinq fois à l’aile droite, que commandait l’électeur, ayant échoué dans toutes leurs attaques contre l’aile gauche, où était le roi de la Grande-Bretagne, et n’ayant été enfin redevables de la victoire qu’au peu de résistance que leur opposa le corps de bataille formé des troupes de Hanovre et de Brandebourg. Il fut tué dans cette affaire, au moment où il exécutait une charge[2].

Octave-Ignace de Ligne-Arenberg ne laissant pas de postérité mâle, la maison de Barbançon s’éteignit par sa mort.

Gachard.

BARBÉ (Antoine), compositeur de musique, né au xvie siècle et probablement originaire du Hainaut. Antoine Barbé, que nous qualifierons de le Vieux, fut appelé à Anvers en 1527, pour y succéder à Maître Nicolle en qualité de maître de musique de la maîtrise et des trois jubés de l’église collégiale de Notre-Dame, aujourd’hui la cathédrale. Cette position eminente lui donna l’occasion d’utiliser son talent de compositeur, et il écrivit un grand nombre de morceaux de chant religieux, messes, motets, hymnes, antiennes, magnificats, etc., qui furent journellement exécutés sous sa direction. La dévastation de la cathédrale par les iconoclastes, en 1566, a causé la destruction des compositions manuscrites de Barbé déposées dans l’église ; d’autres, heureusement publiées du vivant de l’auteur, témoignent encore de sa science et de sa riche imagination. Parmi celles-ci, il en est une, plus importante que les autres, faisant partie d’un ouvrage que les bibliographes n’ont point encore décrit. C’est une messe, imprimée dans un recueil composé de trois livres et contenant quinze messes dues à différents auteurs du xvie siècle, et écrites à quatre voix : une de Tylman Susato ; six de Thomas Crequillon ; deux de Pierre de Manchicourt ; trois de Jean Lupus Hellinc ; une d’Antoine Barbé le Vieux, une de Jean Richafort et une de Jean Mouton. Ce recueil a été imprimé à Anvers, chez Tylman Susato, en 1545 et 1546, petit in-4o. Antoine Barbé est l’auteur de la sixième messe du deuxième livre, intitulée Vecy la danse de Barbarie ; elle tire probablement son nom d’une chanson en vogue, dont les premières notes paraissent avoir servi de thème au Kyrie, à l’Et in terrâ pax et au Sanctus. Dans l’ouvrage Quatuor vocum musicæ modulationes numero XXVI ex optimis autoribus diligenter selectæ prorsus novæ atque typis hactenus non excusæ, in-4o, imprimé par Guillaume van Vissenaken, à Anvers, en 1542, se trouvent deux motets d’Antoine Barbé le Vieux. Une chanson à quatre voix dont M. Alex. Pinchart a publié le texte dans les Archives des arts (t. I, p. 240), fait partie du livre IV des Chansons à quatre parties auquel sont contenues XXXIV chansons nouvelles, etc., imprimées à Anvers, par Tylman Susato, en 1544.

Pendant les trente-cinq ans qu’Antoine Barbé fut à la tête de la célèbre maîtrise d’Anvers, l’exécution musicale, tant sous le rapport des voix que sous celui de l’accompagnement instrumental, atteignit une perfection jusqu’alors inconnue, et les meilleurs musiciens de l’époque vinrent se mettre sous sa direction. Roland de Lassus, après avoir quitté, à Rome, sa place de maître de chapelle à l’église de Saint-Jean de Latran, se fixa, pendant plus de deux ans, à Anvers, et telle fut l’admiration de l’illustre compositeur montois pour la manière dont y était di-

  1. Gazette de France, année 1693, pages 5, 30, 59.
  2. Lettre de don Francisco Bernardo de Quiros à Charles II, du 2 août 1693. (Arch. du royaume.)
         Quiros, ambassadeur d’Espagne à la Haye, se trouvait en ce moment au camp des alliés.