Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/419

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public d’un mémoire où il s’appliquait à ouvrir les yeux sur les trames et sur le motif réel des dénonciations dont ils s’étaient rendus coupables envers leurs compatriotes les plus honorables, les montagnards expulsés voulurent se venger de l’homme qui les démasquait ; et le firent arrêter sous les prétextes les plus frivoles et les plus odieux. Il ne fut remis en liberté que peu de jours avant le 9 thermidor, et les sollicitations de la femme de son ami Ransonnet auprès de Robespierre contribuèrent puissamment à ce résultat.

À ce moment les Français, vainqueurs à Fleurus, reprenaient possession de nos provinces, et Bassenge fut un des premiers réfugiés qui revinrent à Liége à leur suite. Comme cela s’était fait à l’époque de la première invasion, on rappela (août) le dernier conseil municipal établi par les patriotes : celui qui avait été élu en janvier 1793 ; il remplaça un comité d’urgence qui avait pris possession de l’administration de la cité le lendemain de l’arrivée des Français. Il fallait aussi une administration générale, qui fut organisée par le conventionnel Frécine (septembre) : elle s’intitula administration centrale provisoire du ci-devant pays de Liége et fut composée des membres envoyés à l’assemblée provinciale de 1793. Bassenge y reprit son poste, et resta dans celle qui lui succéda à l’époque où la Convention, fidèle à son système d’étouffer les idées de provincialisme, bien plus puissantes encore chez nous qu’en France, commença le démembrement de la principauté liégeoise (octobre). Malgré leurs sympathies pour la France et ses idées, les patriotes liégeois ne furent pas traités avec plus de ménagement que les patriotes belges, et Bassenge se distingua par sa résistance énergique à un système d’exploitation, aussi honteux pour ceux qui l’avaient ordonné que désastreux pour ceux qui en souffraient. Il n’existait qu’un seul moyen d’y échapper : obtenir de la Convention qu’elle décrétât la réunion définitive du pays de Liége à la France. Le vœu émis dans les assemblées primaires pendant la première invasion avait été accepté, puis l’exécution suspendue jusqu’à ce que la conquête eût produit les résultats financiers qu’on en attendait. Une députation dont Bassenge était le chef fut envoyée aux représentants du peuple établis à Bruxelles, et comme ces derniers n’avaient pas qualité pour décider la question, Bassenge se mit en route pour Paris (octobre).

Dans le mois suivant, fut décrétée l’organisation générale des pays conquis : une administration centrale à Bruxelles, une administration d’arrondissement dans chacune de nos provinces. À cette organisation était jointe une série de dispositions ruineuses, contre lesquelles l’assemblée provinciale encore en fonctions résolut de réclamer ; des instructions dans ce sens furent envoyées à Bassenge. L’organisation nouvelle froissait surtout les patriotes liégeois, en les soumettant à l’autorité d’une assemblée établie à Bruxelles. Tout résignés qu’ils étaient à la perte de leur indépendance, ils tenaient à conserver l’intégrité territoriale de leur patrie et à la voir incorporée tout entière dans la France. Quatre mois durant, Bassenge ne discontinua pas ses démarches auprès de la Convention, luttant avec persévérance contre la montagne liégeoise, qui, expulsée des postes occupés par elle dans un premier moment de surprise, cherchait à se venger, et n’en trouvait que trop les moyens dans les intelligences qu’elle conservait à Paris. La Convention ne voulait pas décréter la réunion définitive du pays de Liége avant celle des autres provinces belges. Cependant, pour donner quelque satisfaction aux Liégeois, elle consentit à leur envoyer un représentant particulier. L’administration d’arrondissement s’était installée dans l’intervalle, et les représentants du peuple en Belgique avaient déclaré maintenir pour les pays conquis le maximum dont la Convention venait de délivrer la France. Bien plus, en faisant quelques concessions à ce sujet, ils avaient voulu se les faire payer, et une contribution d’un million de livres payable en numéraire dans les six semaines, avait été imposée à l’arrondissement de Liége (janvier 1795). Dès que Bassenge, qui se trouvait encore à Paris, apprit