Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/430

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Ces provinces étaient, à cette époque, presque tout entières au pouvoir de la France ; il ne restait plus à l’impératrice-reine que le Luxembourg, le petit district de la Gueldre et une partie du Limbourg ; le gouvernement était réfugié à Aix-la-Chapelle. Aussi Batthyani eut-il beaucoup moins à s’occuper d’affaires administratives que de dispositions militaires. Au mois de décembre, ayant remis le commandement des troupes autrichiennes au général comte de Palfy, il se rendit à la Haye, pour conférer, avec le duc de Cumberland, généralissime des forces britanniques, et le prince de Waldeck, qui était à la tête du contingent hollandais, sur les préparatifs de la campagne suivante[1]. Il y retourna, pour le même objet, au mois de mars 1747[2]. Les généraux alliés avaient résolu de marcher en avant ; ils firent sortir l’armée de ses cantonnements le 22 avril[3]. Ils ne rencontrèrent pas d’abord d’obstacle, et ils poussèrent des détachements d’un côté vers Léau, Jodoigne et Tirlemont, de l’autre, jusque près d’Anvers, d’Arschot et de Diest ; le maréchal de Saxe s’occupait, en ce moment, de conquérir la Flandre zélandaise. Mais ils reconnurent bientôt que Maurice ne bornait pas là ses vues, et que son dessein était d’assiéger Maestricht. Il importait à l’armée alliée de prendre une position qui lui permît de secourir cette place : le 24 juin, elle leva le camp qu’elle occupait sur les rives de la Nèthe, et se dirigea vers le Vieux-Demer pour gagner les hauteurs de Bilsen ; elle arriva le 29 aux environs de Hasselt, où s’établit le quartier général. Les Autrichiens formaient la droite ; les Hollandais étaient au centre ; la gauche était formée des troupes anglaises, hanovriennes et hessoises[4]. Les alliés avaient passé le Demer, et s’étendaient sur la gauche de cette rivière, depuis Bilsen jusqu’à Wittighem et Rosmalen, lorsque, le 2 juillet, à dix heures du matin, les Français attaquèrent avec impétuosité leur aile gauche, secondés par le feu de quelques pièces de campagne qu’ils avaient amenées sur les hauteurs voisines de Hoesfeldt. Repoussés vigoureusement, ils revinrent à la charge sans plus de succès ; dans le même temps, ils essayaient en vain d’entamer la droite des alliés, où commandait Batthyani. Mais les renforts que le maréchal de Saxe recevait successivement déterminèrent les généraux alliés, vers deux heures de l’après-midi, à se retirer sous le canon de Maestricht. Cette retraite, que Batthyani couvrit avec les troupes austro-belges, s’effectua dans le meilleur ordre[5]. Telle fut l’affaire du 2 juillet 1747, que les Français appellent la bataille de Laeffeld et qui a reçu le nom de combat de Herderen ou d’Elderen dans les relations hollandaises. Elle n’eut pas de résultat décisif, les pertes ayant été à peu près égales dans les deux armées. Le reste de la campagne se passa sans autre événement marquant. Pendant l’hiver, Batthyani établit son quartier général à Verviers. Au mois de février 1748, il alla de nouveau à la Haye, où il concerta, avec le duc de Cumberland, le stathouder, le prince Frédéric de Hesse et le prince Louis de Brunswich-Wolfenbüttel, le plan des futures opérations militaires. Tout étant réglé entre eux, il quitta la Haye le 7 avril, pour aller rejoindre ses troupes, dont il avait laissé le commandement au général comte de Chanclos[6]. Il se trouvait à Ruremonde, lorsqu’il reçut un courrier du comte de Kaunitz, porteur de la nouvelle que, le 30 avril, les plénipotentiaires des puissances belligérantes avaient signé à Aix-la-Chapelle des préliminaires de paix qui furent plus tard convertis en un traité définitif[7].

L’archiduc Joseph, fils aîné de Marie-Thérèse et de François de Lorraine, était entré dans sa huitième année ; l’impératrice jeta les yeux sur le comte de Batthyani pour les importantes fonctions

  1. Gazette d’Utrecht, numéros des 23 et 27 décembre 1746 et 13 janvier 1747.
  2. Ibid., numéros des 17, 21 et 24 mars 1747.
  3. Ibid., numéro du 28 avril 1747.
  4. Ibid., numéros des 27 et 30 juin 1747.
  5. Gazette d’Utrecht, numéros des 7 et 11 juillet 1747.
  6. Ibid., numéros des 1er, 15, 19, 26, 29 mars, 2 et 9 avril 1748.
  7. Ibid., numéro du 7 mai 1748.