Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/434

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pas longtemps ; à la suite du refus de s’y fixer, il s’aliéna l’affection de ses ouailles et quitta l’église de Kampen d’abord pour celle de Lisse, ensuite pour celle de Zutphen, dans la Gueldre (1597), où il s’établit définitivement. Durant son séjour en cette ville, il s’occupa activement des affaires de l’Église de Hollande ; ainsi nous le trouvons, en 1612, au synode d’Amsterdam ; en 1618, il préside le synode provincial de la Gueldre ; et au synode général de Dordrecht, il prend place parmi les théologiens les plus influents. Ce concile national ayant décrété, en 1618, une nouvelle traduction de la Bible en langue vulgaire, Guillaume Baudaert, Jean Borgerman et Gerson Bucerus furent désignés pour traduire en flamand l’Ancien Testament d’après les textes originaux. Diverses circonstances et surtout la mort de Bucerus retardèrent l’exécution de ce décret jusqu’en 1628, et l’ouvrage ne fut terminé qu’en 1632. Cette traduction, généralement connue sous le nom de Staten Bybel, et conforme à la doctrine de Calvin, parut seulement en 1637, à Leide et à la Haye. Ce furent les États de Hollande qui en supportèrent tous les frais de traduction et d’impression. Baudaert avait quitté Zutphen pendant six ans et était venu habiter Leide pour se consacrer tout entier à ce travail ; cet ouvrage achevé, il retourna dans la première de ces villes et continua d’y prêcher jusqu’en 1640. Il y mourut le 15 décembre de cette année et fut enterré dans son église, où sa pierre tumulaire a été retrouvée il y a quelques années.

Baudaert avait adopté pour devise ces mots : Labor mihi quies, et de nombreux écrits attestent, en effet, chez lui une rare activité. Son ouvrage historique le plus remarquable est intitulé Memorien ofte cort verhael der gedenkweerdigste, soo kerkelyke als weereltlyke, geschiedenissen van Nederlant, Vranckeryck, etc. Ces mémoires parurent pour la première fois à Arnhem, en 1620, en un volume in-4o, et renferment l’histoire religieuse et politique de l’Europe depuis 1602 jusqu’en 1619. Une seconde édition, considérablement augmentée, fut imprimée, également à Arnhem, en 1624 et 1625, en deux volumes in-folio ; elle s’étend jusqu’à l’année 1624. C’est une suite à l’histoire d’Emmanuel Van Meteren, pour lequel Baudaert professait une grande admiration et dont il à généralement adopté la manière de voir. Il est cependant resté très-inférieur à son modèle ; trop préoccupé des dissentions et des événements religieux de son époque, il a négligé l’histoire politique contemporaine, et les historiens protestants lui reprochent sa partialité, surtout à l’égard de la secte des Remontrants. On peut encore considérer comme ouvrages historiques ses publications suivantes :

Historisch verhael van den aenslach en het innemen der vlecke, doch niet des casteels van Bredevoort, dore den Spaenschen Guillelmo de Verdugo, etc., imprimé en 1601. — Afbeeldinge der coninghinne Elisabeth, paru en 1602, et Veelau’s vastenavondspel, offte cort Verhael van den Allarm die op vastenavond in de Velau (Veluwe) geweest is, petit pamphlet distribué en 1624.

Le livre de Baudaert qui eut le plus de vogue est son recueil d’anecdotes curieuses et instructives publié sous le nom d’Apophthegmata christiana. Imprimé pour la première fois en 1605, il eut dix-sept éditions et c’est pourtant, à tous les points de vue, l’ouvrage le moins recommandable de notre écrivain ; mais l’on doit tenir compte des tristes circonstances dans lesquelles il fut écrit pour excuser le choix souvent peu délicat de ses historiettes.

Baudaert a aussi laissé quelques poésies latines et flamandes, dont les deux suivantes méritent seules une mention spéciale. 1° En 1616, parut à Amsterdam, sous le titre de Nassausche Oorloghen, une collection de 299 tailles-douces, représentant les principaux événements de la guerre entre l’Espagne et les Provinces-Unies. Chaque planche est accopagnée d’un quatrain latin. Ces vers sont dus à Baudaert, et plusieurs sont vraiment heureux. Le même ouvrage fut réédité à Amsterdam, en 1621, in-4o, sous le titre de Polemographia Belgica. — 2° Notre auteur publia également, en