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d’une haute vertu qui mouraient de mort violente, soit parce qu’on croit qu’un motif religieux n’était pas tout à fait étranger à ce meurtre, dans un pays où il y avait encore un assez grand nombre d’idolâtres.

Son corps fut déposé dans un tombeau que Rictrude avait fait préparer au monastère d’Elnon, du vivant même de saint Amand[1]. Dans la suite, la tête, qu’on avait voulu conserver au lieu du premier enterrement, en Aquitaine, fut transportée à Douai, comme le relate un ancien manuscrit de l’église de Saint-Amé. Cependant, d’après Raissius, ce n’était pas la tête, mais un bras de saint Adalbaud que l’on conservait dans cette collégiale. Il existait autrefois dans cette même église une chapelle avec un autel dédié à saint Mauront et à ses parents. De temps immémorial leurs statues, renfermant des parcelles de leurs reliques, y étaient exposées à la vénération publique. La première représentait saint Adalbaud, revêtu d’une robe fleurdelisée, tenant dans la main droite un livre, dans la main gauche une épée. Entre saint Adalbaud et sainte Rictrude était saint Mauront, leur fils, revêtu d’une large robe ayant un sceptre ou bâton abbatial dans la main droite et dans la main gauche un édifice muni de tours, figurant le monastère de Breuil ; puis venait sainte Rictrude, en habit de bénédictine et tenant aussi en main un édifice qui représentait l’abbaye de Marchiennes.

Nos hagiographes placent la fête de saint Adalbaud au 2 février, qui est sans doute le jour de sa mort ou celui de la translation de ses reliques. Les actes de sa vie ont été publiés par les Bollandistes, dans les Acta SS. Februarii, t. I, p. 295, avec un commentaire du père Henschenius, que Ghesquiere a reproduit avec quelques corrections dans les Acta SS. Belgii, t. II, p. 393.

P. F. X. de Ram.

ADALBÉRON, archevêque de Reims, fut l’un des plus illustres prélats de la seconde moitié du xe siècle et aussi l’un de ceux qui travaillèrent avec le plus de zèle et de succès à faire fleurir les lettres et la discipline ecclésiastique. Il naquit vers 920 ou 930, dans la basse Lorraine, et très-probablement dans la prévôté d’Yvois, qui était comprise dans les limites du duché de Luxembourg. Il était fils, non pas de Godefroid, mais de Gozilin ou Gozlin, comte d’Ardenne et de Verdun, frère d’Adalbéron Ier, évêque de Metz. (Voir ce nom.) Sa mère, qui se nommait Uda ou Huoda, vivait encore en 963, comme le prouve une charte par laquelle elle donna à l’abbaye de Saint-Maximin, à Trèves, plusieurs biens situés dans les environs du Luxembourg, et dans laquelle elle fait connaître les noms de quatre fils qu’elle eut de Gozilin[2]. Dans des lettres imprimées parmi celles de Gerbert[3], Adalbéron se nomme lui-même le troisième fils de Gozilin et le frère de Godefroid Ier, comte d’Ardenne, de Verdun et d’Eenham, qui a été surnommé le Captif ou le Vieux. Le chroniqueur de Mouzon, qui établit la même consanguinité entre Adalbéron et ce comte, l’appelle carne nobilem, genere potentem[4]. L’auteur du Liber miraculorum S. Theodorici abbatis dit qu’il était proche parent d’Adalbéron Ier, évêque de Metz, dont il reçut, dès sa jeunesse, la plus excellente éducation : Hic alteri Adalberoni, Metensi quidem episcopo, adhœrebat propinquiori linea consanguinitatis, a quo, quia fuerat a puero educatus, moribus quoque nec discrepabat episcopus factus[5].

C’est donc à Metz et à l’abbaye de Gorze que le jeune Adalbéron reçut son éducation sous la direction et les yeux de son oncle paternel. Il fut le condisciple de plusieurs jeunes seigneurs, nommément de Rothard, avec qui il contracta une amitié indissoluble et qui

  1. Dans un ancien poëme, écrit par un moine d’Elnon, on trouve les vers suivants :

    Te tua Marciadis prius, agnita, Jonathe virtus
    Traxit ad Elnonis frœna regenda domus ;
    Tempore wasconicis quo dux Adalbaldus in oris
    Prœdonum rigido cœsus ab ense cadit.
    Quem lacrymis suffusa genas Elnone recondit
    Rictrudis, tumulo claudit et ossa brevi.

  2. Hontheim. Hist. diplom. Trev., t. I, p. 257.
  3. Epist. 16 et 59, alias 30 et 103, Apud Bouquet, t. IX, pp. 277-290.
  4. D’Achery, Spicilegium, t. II, p. 563, col. 2, et p. 564, col. 2.
  5. Apud Bouquet, t. IX, p. 129.