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L (suite).

LESAIGE (Jacques), voyageur, était, dans la première moitié du xvie siècle, marchand de draps de soie à Douai. S’ennuyant sans doute d’une vie calme et monotone, il résolut de tenter l’aventure, très périlleuse alors, d’un voyage aux Lieux Saints. Il semble qu’il eût déjà fait auparavant le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, en Galice. Parti le 19 mars 1518, il traversa la France, l’Italie et atteignit Jérusalem le 4 août ; il fut de retour à Douai le 24 décembre ; son voyage avait donc duré neuf mois et cinq jours. Douai fit au hardi pèlerin une réception enthousiaste : la multitude accourut au devant de lui jusqu’à Cantin, et telle fut l’émotion dans la ville, que le marché aux grains, qui se tenait ce jour-là, en fut retardé. On grava au-dessus de la porte de Lesaige, en commémoration de son pèlerinage : Loué soit Dieu, j’ en suis revenu. Lesaige a laissé de son voyage une relation intitulée : Chy sensuyuent les gistes repaistres et despens que moy Jacques Lesaige, marchant demourant à Douay, ay faict de Douay à Rome Nostre Dame de Lorette, a Uenise... et de la en la Saincte Cite de Hierusalem ... L’imprimeur cambrésien, Bonaventure Brassart, en publia, vers 1525, deux éditions non datées in-4o, la première de 107 feuillets, la seconde, petit in-4o de 78 feuillets. Il ne restait que cinq ou six exemplaires de cet ouvrage, lorsque Duthillœul en fit une réimpression à 120 exemplaires, sous le titre : Voyage de Jacques Lesaige, de Douai à Rome, Notre-Dame-de-Lorette, Venise, Jérusalem et autres saints lieux. Douai, Adam d’Aubers, 1851 ; in-4o. Outre son intérêt bibliographique, ce livre est un monument curieux du style et des mœurs de l’époque. Ecrit avec un abandon naïf, c’est, selon l’expression de Montaigne, “ un livre de bonne foi ”, où l’auteur ne se montre pas moins dévot à Dieu qu’à la dive bouteille, comme il le chante dans le quatrain qui clôt son œuvre :

Che présent livre a faict Jacque Lesaige,
Lequel est bien sarpilit de languaige,
Grant crocheteur de boutelles et flacquon ;
Je prie a Dieu quy luy fâche pardon.

Foppens nous apprend, en outre, que Jacques Lesaige était chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, qu’il mourut le 11 février 1549, et qu’il fut enterré dans l’église collégiale Saint-Pierre de Douai.

Emile Van Arenbergh.

Foppens, Bibliotheca belgica, t. I, p. 536. — Duthillœul, Jacques Le Saige et les éditions de son livre, en tête de l’édition de 1851. — Id., Galerie douaisienne, p. 231.


*LESBROUSSART (Jean- Baptiste), professeur et historien, né à Ully-Saint-Georges (Picardie), le 12 juin 1747, et mort a Bruxelles, le 10 décembre 1818. A vingt ans, il était professeur