Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 12.djvu/223

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417 LOUIS DE NEVERS 418 vaut le roi : « Monseigneur " , dit-il, « si « l’on m’eût appelé Louis de Nevers au " lieu de m’appeler comte de Flandre, » je serais venu plus tôt. — Comment • fit le roi, « n’êtes-vous pas comte « de Flandre ’i — Sire, « répondit Louis, • j’en porte le nom, mais le nom " seulement. Les gens de Bruges , " d’Ypres, de Poperinghe et de Cassel » ne m’ont-ils pas bouté hors de ma sei- • gneurie ? — Beau cousin «, dit le roi, » nous vous jurons par l’onction « ([ue nous avons reçue aujourd’hui, que « jamais ne rentrerons à Paris avant de « vous avoir remis en la possession de " la comté de Flandre. — Mon très « cher seigneur, grand merci ! " dit le comte en baisant la main du roi. Tandis que l’interdit était de nouveau fulminé sur la Flandre, Philippe de Valois se mettait, vers la fin de juillet 1328, à la tète de l’armée française, concentrée à Arras. Zannequin, renforcé par Sohier Janssone, campait sur le mont Cassel. Il avait arboré un drapeau sur lequel était peint un grand coq avec ces mots : Quand ce coq chantera. Le roi trouvé cy entrera. Les Français s’établirent au pied de la hauteur et, confiants dans leur supériorité numérique, négligèrent toutes les précautions de la guerre. Zannequin, déguisé en marchand de poisson, descendit dans leur camp et remarqua leur désordre ; il rejoignit les milices flamandes et fondit à l’improviste sur l’ennemi. Celui-ci, cédant d’abord sous ce choc impétueux, réussit bientôt à se rallier et écrasa les assaillants (23 août 1328). Après sa victoire, le roi fit appeler le comte de Flandre et lui dit en présence de sa noblesse : « Beau cousin, • je suis venu ici avec mes barons et j’ai » travaillé pour vous à leurs dépens et " aux miens. Je vous rends votre terre « acquise et en paix. Or, faites tant que « justice y soit gardée, et que, par votre • faute, il ne faille plus que j’y revienne ; « car, si j’y revenais, ce serait alors à " mon profit et à votre dommage. » Jusque-là, Louis, plus par faiblesse que par générosité, s’était montré prompt BIOGR. NAT. — T. XII. au pardon envers les mutins ; cette fois, résolu de se faire craindre, il sévit avec une implacable rigueur. La sédition de la Flandre fut châtiée par les amendes, les exécutions, l’exil. Janssone, échappé au désastre de Cassel, tenta une suprême résistance et débarqua avec deux cents bannis à Ostende. 11 se heurta à Ardenbourg contre les leliaerts, fut fait prisonnier et conduit à Bruges. 11 y fut promené nu par les rues, brûlé d’un fer rouge à chaque carrefour, brisé sur la roue et décapité ; son cadavre fut ensuite pendu à une potence d’une hauteur extraordinaire. La Flandre pacifiée jouit enfin de quelques années de tranquillité. Des différends entre le comte et le duc de Brabant, relativement à la limite de leurs juridictions respectives sur l’Escaut et à la possession de la seigneurie de Malines, s’aplanirent heureusement. Ce fut la rivalité entre les rois de France et d’Angleterre qui entraîna les communes flamandes dans de nouvelles luttes. Vassal reconnaissant de Philippe de Valois, qui lui avait reconquis sa couronne à Cassel, Louis avait fait arrêter tous les Anglais qui se trouvaient en Flandre. Edouard 111 fit aussitôt appréhender les Flamands en Angleterre (5 octobre 1336). En même temps, il interdit l’exportation des laines dans le comté : rude représaille, qui d’emblée tarissait la source de la richesse nationale : «Car ", comme le disait Jacques van Artevelde, « toute Flandre estoit " fondée sur draperie, et sans laine on " ne pouvoit draper » . Aussi une vive opposition éclata contre la politique française du comte. Des députés anglais arrivèrent à Gand pour traiter de la reprise des relations commerciales : ils y reçurent un accueil empressé, et le vieux compagnon de captivité de (îuy de Dampierre, Sohier de Courtrai, leur offrant l’hospitalité, osa déclarer que l’alliance anglaise était le premier besoin du pays. Mal lui en prit de cette patriotique audace. Invité à se rendre à Bruges pour y prendre part à une assemblée générale des communes, il fut arrête et interne au château de Kupelmonde, comme cou-