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siciens, 2e édition), contient, aux pages 2-11, une composition à quatre voix, superius, tenor, contratenor et bassus, nommée « Le chant pieux et tirelire de l’alouette, mis en musique par M. Jean Bettigny, maître des primtiers de l’église cathédrale de Notre-Dame, à Tournay. » Notre compositeur vivait donc, lorsque les premières pages du volume furent mises sous presse ; mais il était déjà décédé quand, vers le mois d’avril 1619, on en termina l’impression : en effet, aux pages 390-409, se trouvent deux « Rondeaux en triolet, mis en musique à quatre parties par feu M. Jean Bettigny, jadis maître des primtiers de l’église cathédrale de Notre-Dame, à Tournay. » En outre, le volume suivant, imprimé en 1621, débute, à la page 2, par un quatrième morceau à quatre voix, intitulé « Le chant pieux, etc., mis en musique par M. J. J., maître des primtiers de l’église, etc., » d’où on pourrait supposer que le musicien qui se cache sous les initiales J. J. fut le successeur immédiat de Jean Bettigny, et que tous deux sont les auteurs respectifs de quelques chansons « dont l’air est propre, mêlées aux nombreux airs anciens », qui rendent ce recueil si précieux pour l’archéologie musicale. Cependant M. le vicaire-général Voisin, qui a compulsé avec soin les archives de la cathédrale de Tournai, pense que, depuis 1618 jusqu’en 1622, le maître des primtiers s’appelait Nicolas Laumonier, nom dont les initiales ne concordent pas avec celles du maître J. J.

D’après Cousin et les autres historiens de Tournai, l’emploi qu’occupait Jean Bettigny obligeait le titulaire, en vertu d’un règlement du chapitre, du 10 septembre 1604, à nourrir et à entretenir convenablement, dans une maison située près de la chapelle Saint-Pierre, « douze jeunes clercs portant tonsure et le surply avec une robbe de couleur perse, bleue, et le bonnet quarré noir. » Il devait les instruire ès-bonnes mœurs, aux chants et cérémonies de l’église, leur apprendre le catéchisme, la lecture, l’écriture, les premiers éléments de la grammaire, les conduire à l’église, les en ramener, etc. Ces fonctions différaient si peu de celles du maître de musique, qu’en 1676 le chapitre de la cathédrale jugea convenable de les y annexer et de confondre les deux institutions.

Chev. L. de Burbure.

BEUCKELAER (Alipe VAN), dessinateur et sculpteur, vivait pendant les dernières années du xviiie siècle. Il était frère lai de l’ordre des Augustins, à Anvers, et dut travailler beaucoup pour son couvent ; dans le réfectoire, il sculpta une belle chaire destinée à faire la lecture pendant les repas. On pense qu’il fut aussi dessinateur, car, dans la vente de Barchman-Wuytiers, tenue à Utrecht, en 1792, M. Kramm a trouvé la mention d’un dessin de Beuckelaer, d’après un tableau de Capelle, et représentant une Mer tranquille avec beaucoup de vaisseaux, etc. Le biographe hollandais pense qu’il s’agit du frère d’Alipe.

Ad. Siret.

BEUCKELAER (Joachim), peintre de nature morte et d’histoire, né à Anvers, en 1530. Neveu de Pierre Aertsen, le Long, il en fut aussi l’élève ; il eut ainsi le bonheur, dès son plus jeune âge, de trouver un guide chez qui l’affection de la famille se joignait au talent pour développer les qualités remarquables que la nature lui avait données. Il n’avança guère, nous dit le vieux Van Mander, « jusqu’à ce que son oncle lui fit peindre toutes choses d’après nature, tels que fruits, viande, oiseaux, poissons, etc. Cette étude faite avec persévérance le conduisit à une exécution facile et parfaite. » On le voit, alors comme aujourd’hui, la nature est toujours le maître par excellence. Malgré son mérite, le pauvre Beuckelaer ne fut guère apprécié de son vivant, ou du moins s’il réussit à avoir beaucoup de commandes, ses tableaux, très-mal payés ne lui valurent qu’une misérable existence ; après sa mort, ils décuplèrent de valeur. Van Mander cite, entre autres, de notre artiste, un Dimanche des Rameaux dont il fait l’éloge et qui, placé à l’église de Notre-Dame à Anvers, fut, dit-il, mis en pièces par les Iconoclastes. Il parle encore de ses cuisines pleines de toutes espèces de victuailles, de ses marchés aux poissons, aux fruits, etc., parfois ornés de figures de