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Jacques des peintures réprésentant le purgatoire, les mit en morceaux, puis les brûla. Arrêté après cet acte inconsidéré, il fut livré à la torture et subit l’épreuve de l’eau. Beyaert ne trouva pas en lui une foi assez sérieuse pour résister aux tourments qui lui furent infligés. Soumis une seconde fois à la torture, ainsi que sa femme, Catherine Metsys, ils devinrent par leur faiblesse les véritables dénonciateurs de leurs coaccusés. Les aveux de Beyaert ne le sauvèrent cependant pas du dernier supplice. La seule grâce qu’on lui accorda fut celle de périr par le glaive, au lieu d’être exécuté par le feu. Quant à Catherine Metsys, elle fut enterrée vive avec Antoinette van Roesmael, une femme de cinquante-huit ans, qu’on envisageait comme l’âme de la réforme à Louvain. Cette horrible exécution eut lieu au mois de juillet 1543. Les interrogatoires de ces victimes du fanatisme et de la cruauté de ce siècle ont été publiées par M. Ch.-Al. Campan, à la suite des Mémoires de Francisco de Enzinas. Bruxelles, 1862.

Ed. van Even.

Comptes de la ville. — Registres des chambres échevinales. — Louvain monumental. — Mémoires de F. de Enzinas.

BEYENS (Albert-Guillaume-Marie), jurisconsulte, né à Deynse en 1760, mort à Bruxelles en 1825. Après avoir fait de brillantes études à l’Université de Louvain, Albert Beyens s’inscrivit au barreau de Gand, et y devint, sous l’empire, président du tribunal de première instance. À la suite des événements de 1815, il quitta cette ville et se lit recevoir avocat près la Cour suprême de Bruxelles, où ses talents lui assignèrent bientôt une place parmi les avocats les plus distingués de la capitale. Il y fut chargé d’un grand nombre de causes importantes et principalement de causes politiques. C’était l’époque où le gouvernement de Guillaume Ier, marchant vers l’arbitraire, multipliait les procès de presse et tâchait d’enchaîner et d’anéantir l’indépendance du barreau belge. Beyens fut un des plus ardents champions de la réaction qui se manifesta alors contre ces tendances oppressives et mit tous ses talents au service de la liberté et de la légalité. Armé de la complaisante loi de 1818, le gouvernement néerlandais venait d’intenter des poursuites contre Vanderstraeten, auteur d’un ouvrage intitulé : De l’état actuel du royaume des Pays-Bas et des moyens de l’améliorer. Sept avocats se présentèrent pour le défendre : MM. Albert Beyens, Beyens jeune, Tarte cadet, Barthélémy, Doncker, Defrenne et Stevens. Ils rédigèrent, en 1820, une consultation dans laquelle ils établissaient que loin d’être coupable, Vanderstraeten avait bien mérité du gouvernement et de ses concitoyens pour le patriotisme de ses intentions. Le manuscrit no 601 de la Bibliothèque de Gand contient l’original de cette consultation, qui diffère notablement de la pièce imprimée. Les passages qui devaient le moins plaire au gouvernement y sont barrés et ne se retrouvent point dans la consultation imprimée, ou y sont singulièrement adoucis. Néanmoins les sept avocats furent suspendus de leurs fonctions, arrêtés et poursuivis comme prévenus « d’avoir alarmé ou tenté d’alarmer, trouble ou tenté de troubler le public, au moyen d’un écrit imprimé ou distribué avec profusion, d’avoir suscité ou tenté de susciter la défiance et la désunion parmi les habitants du royaume et de les avoir provoqués à la désobéissance envers les autorités publiques. » Ce procès causa une grande émotion dans les provinces méridionales du pays, plusieurs barreaux envoyèrent des adresses aux prévenus. Ceux-ci, assistés d’autant de conseils, allaient se défendre eux-mêmes ; on parlait de sept audiences, employées à la défense et d’un nombre égal consacrées à la réplique, et ce procès menaçait de devenir un procès national. Aussi la chambre des mises en accusation de Bruxelles, se conformant en cela aux vœux du gouvernement, qui craignait de donner un retentissement fâcheux à cette affaire, se hâta-t-elle de déclarer qu’il n’y avait pas lieu à poursuites, et les sept avocats ne subirent que des peines disciplinaires. Albert Beyens passe pour avoir pris la plus grande part dans la rédaction de l’écrit incriminé. Il plaida encore quelques autres causes politiques, entre autres