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à Gand, il en repartit au commencement de 1619, pour voyager de nouveau en Italie et en Corse. Ses goûts aventureux n’étaient pas encore satisfaits : il embrassa la carrière militaire, et, avec les troupes espagnoles, il parcourut pour la troisième fois une partie de l’Italie. Mis à la réforme, il perdit son grade et son emploi d’adjudant-major auprès du gouverneur d’Ulmia, Marc-Antoine Magno ; il quitta, en 1629, l’armée et s’en revint en Flandre. De retour dans ses foyers, il s’adonna fructueusement au commerce des toiles et des denrées étrangères, et acquit une honnête fortune. Jouissant de l’estime de ses concitoyens, qui appréciaient son instruction et son expérience, il fut, à différentes reprises, appelé à faire partie de l’échevinage gantois, soit au collége de la keure, soit au collége des parchons. De 1643 à 1660, il fit quatorze années de magistrature scabinale et fut pendant vingt-trois ans consécutifs l’un des échevins de la seigneurie de Saint-Pierre, juridiction de l’abbaye de ce nom. Il résigna ce dernier mandat le 9 novembre 1666, en faveur de son neveu, J.-B. Billet, avocat près du conseil de Flandre. Le 22 août 1658 Juste Billet et son collègue de l’échevinage Olivier Weesaert furent nommés maîtres ou directeurs de la police urbaine (politiemeesters) à Gand. Leur charge consistait principalement à surveiller les nouvelles constructions, à rechercher les cens, rentes et propriétés dont la ville était frustrée, à veiller à l’ordre et à l’approvisionnement des marchés, à maintenir en toute occasion les priviléges communaux. En 1666, Billet se démit de sa charge, à cause de l’affaiblissement de sa santé et de sa vue. En 1660 il était maître des cérémonies (hofmeester) du chef-collége échevinal, et, en 1662, on lui confia la trésorerie de la cité. Il fut aussi gouverneur de la chambre des pauvres et conseiller du mont-de-piété. Durant ses fonctions municipales et sa direction de la police urbaine, à Gand, il fut chargé d’importantes missions auprès du gouvernement central, et, continuellement, l’un des arbitres officiels dans les affaires contentieuses traitées avec les adjudicataires de travaux publics et les corps de métiers. Juste Billet aimait passionnément la lecture : chez lui, en voyage, au service, il avait sans cesse, dans ses instants de loisir, un livre à la main. Partout où il séjournait, il achetait de petits livres curieux. Revenu définitivement à Gand, il s’appliqua avec ardeur à augmenter sa bibliothèque, et se mit à extraire des livres et des manuscrits les faits les plus saillants. Il rassembla ainsi les matériaux de ses diverses chroniques. Doué d’une excellente mémoire et d’un esprit observateur, il se rappelait, à la fin de sa longue carrière, les moindres événements de sa jeunesse et même de son enfance. Juste Billet professa toute sa vie les sentiments pieux dans lesquels il avait été élevé ; ils se reflètent dans ses actions et ses œuvres.

Les ouvrages écrits par Juste Billet sont les suivants : 1° Le Mémorial, qui lui fut imposé par le magistrat de Gand, pour spécifier les devoirs et les vacations de son office de maître de la police urbaine. Ce journal est le Politie Boeck. Insensiblement il y intercala la relation d’événements locaux et contemporains, puis des faits antérieurs, des annotations remémoratives de ses lectures et ses observations personnelles. Ayant enregistré dans le premier tome de son Livre de police les constructions et les embellissements effectués dans les églises et les chapelles de Gand, si délabrées depuis leur dévastation par les sectaires du xvie siècle, il s’aperçut que ces mentions devenaient trop fréquentes, et il résolut d’en former un recueil spécial. Ce fut là l’origine de sa chronique religieuse. Il écrivit successivement onze volumes in-folio de son Livre de police, d’août 1658 à décembre 1666. Le dépôt des archives communales de Gand, qui possède tous les manuscrits des ouvrages connus de Juste Billet, a du Politie Boeck les tomes I à IV et VI à XI. Le tome V y fait lacune, et l’on ne sait en quelles mains il a passé. Il contient la description de Gand au xviie siècle : Beschryvinghe der stede van Ghendt op de moderne maniere, 1662-1663. Le tome VII donne un aperçu des marchés et du com-