Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/239

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servir d’instrument à de pareilles passions et, se sentant froissé dans sa dignité d’écrivain, il renonça au journalisme.

L’estime qu’il s’était acquise comme publiciste devait bientôt lui imposer de nouveaux labeurs, de nouveaux devoirs. Il fut appelé, en 1845, à prendre place an conseil communal et, sa compétence s’y étant promptement manifestée, le Roi le désigna, dès l’année 1848, pour remplir les fonctions d’échevin chargé de la surveillance des travaux publics. Les idées d’innovation, de progrès, de réforme, excitaient alors dans tous les esprits une véritable émulation. L’administration communale de Bruxelles s’associait à ce mouvement et Blaes, secondant l’initiative du bourgmestre, M. Charles de Brouckere, fut le promoteur de différentes mesures importantes. Il parvint, notamment, à imposer aux propriétaires l’obligation d’établir de larges trottoirs dallés dans les principales rues ; il contribua puissamment à l’adoption des mesures nécessaires pour la distribution d’eau potable dans toutes les habitations bruxelloises[1] ; enfin, son nom doit rester attaché à l’assainissement du quartier le plus populeux, par l’ouverture d’une grande voie de communication, celle de la rue Blaes.

Ce n’était sans doute là qu’une faible part de tous les projets d’amélioration qu’il avait conçus ; mais déjà les atteintes de la maladie, qui devait l’enlever, diminuaient son activité sans cependant l’arrêter. A partir du 31 décembre 1854, sa vie ne fut plus qu’un état de lutte entre le mal qui l’usait et les habitudes laborieuses qui remplissaient sa vie. Cette lutte, qui se prolongea pendant un an, le conduisit enfin au tombeau à peine âgé de quarante-cinq ans.

Blaes avait été chargé, en 1847, des fonctions de secrétaire dans la commission chargée d’organiser l’exposition nationale des produits de l’industrie ; il fut, à cette occasion, nommé chevalier de l’ordre de Léopold et l’objet d’éloges qui rehaussaient beaucoup cette distinction. Voici les termes du rapport annexé à l’arrêté royal du 16 décembre 1847 : « M. Blaes a rendu des services spéciaux par le concours, aussi actif qu’éclairé, qu’il a prêté aux travaux de la commission directrice de l’exposition universelle. La tâche était difficile et ingrate et il a apporté un zèle et un dévouement exemplaires à l’organisation même de l’exposition. M. Blaes a d’ailleurs rendu de longs services au pays ; dans la presse, il a allié la raison et la modération à une indépendance rare ; au conseil communal de Bruxelles, il est l’homme le plus laborieux. » Nous n’avons rien à ajouter à ces mots, qui résument la carrière de Blaes sous son aspect le plus louable et le plus caractéristique.

Félix Stappaerts.

BLANCKAERT (Alexandre) ou CANDIDUS, écrivain ecclésiastique, né à Gand, mort le 31 décembre 1555. Il embrassa l’état religieux, entra dans l’ordre des Carmes et fit sa profession à Utrecht, où son activité intellectuelle le fit bientôt remarquer. Envoyé à Cologne, dont l’Université, comme celle de Louvain, se distinguait alors par son zèle pour combattre l’hérésie, il y obtint le grade de licencié, puis le bonnet de docteur en théologie. Il jouissait, sans doute, d’une grande réputation de savoir et d’érudition, puisqu’il fut nommé professeur ordinaire dans la faculté de théologie, et que Marie d’Autriche, sœur de Charles-Quint, gouvernante des Pays-Bas, le députa au concile de Trente. Il y prononça deux discours en présence de professeurs, évêques et princes de cette célèbre assemblée ; ils furent imprimés à Cologne. De retour dans cette dernière ville, il devint prieur de son couvent, puis curé de l’église de Saint-Nicolas. En 1554, il fut doyen de l’Université de Cologne ; il n’occupa pas longtemps ces hautes fonctions, car la mort l’enleva l’année suivante à sa chaire et à ses travaux. On lui doit : 1° Die Bibel, wederom met grooter neersticheyt oversien ende ghecorrigeert meer dan in zes hondert plaetsen ende collationneert met den ouden latynschen onghefalsten Bibelen, duer B(roeder) Alexander Blanckaert, carmelit. Coelen, by Gasper van


  1. Ch. de Brouckere, Discours prononcé aux funérailles de Blaes.