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Le maître-autel de l’église de Saint-Michel (jadis l’église des Jésuites) est orné d’un tableau de Blendeff, qui figure saint François-Xavier annonçant la foi aux Indiens. C’est une composition pleine de vie ; mais la couleur en est un peu froide. L’autel de sainte Marguerite, à l’église de Saint-Jacques, renferme également une production de notre artiste. Cette toile, qui représente une vision de sainte Marguerite, est d’une conception heureuse et d’une grande hardiesse de pinceau. Plusieurs autres églises de Louvain possèdent des œuvres de Blendeff, qui laissa aussi quelques portraits.

Ed. Van Even.

Archives de Louvain. — Registres des ci-devant chambres échevinales. — G.-P. Mensaert, Le Peintre amateur, 1763, t. I, p. 277. — Van Even, Louvain monumental. — Ib., L’Omgang de Louvain.

BLES (Henri), DE BLES ou MET DE BLES, dit aussi Civetta en Italie, peintre de paysage et de sujets historiques à petites figures, naquit très-probablement à Bouvignes, selon ce que nous rapporte Van Mander. Si les registres de paroisse de cette ville ne renseignent rien sur le fait de cette naissance, il ne faut pas s’en étonner, les registres ne remontant pas au delà de 1554, année de la destruction de la ville par les Français. Du reste, on ne trouve pas une seule fois le nom de Bles dans les anciens documents de Bouvignes ; il ne renferme aucune racine wallone et n’était probablement pas un nom de famille.

Dans ces derniers temps ou s’est pris à douter si De Bles était bien né à Bouvignes ; un passage de Guicciardin a fait naître une controverse restée jusqu’à présent sans solution. Dans la première édition du livre de Guicciardin, imprimée en italien, à Anvers, en 1567, cet auteur cite parmi les peintres les plus fameux de son époque, Patenier de Bouvignes et Henri de Dinant. Il n’y a, en réalité, qu’un argument en faveur de l’opinion qui prétend que ce passage n’est pas le fait d’une erreur, mais cet argument est assez fort, il faut l’avouer. Si les registres de Bouvignes ne mentionnent aucun nom qui se rapproche de De Bles, par contre, celui de Patenier s’y rencontre fréquemment. Quoi qu’il en soit, et jusqu’à ce que l’avenir nous en apprenne davantage, il n’y a aucune raison péremptoire pour infirmer le récit de Van Mander et celui de la chronique de Croonendael. Beaucoup de vieux auteurs nous disent que De Bles était ainsi nommé à cause d’une mèche blanche (bles) qu’il avait au milieu du front. En Italie, De Bles n’est connu que sous le nom de Civetta, à cause de la chouette qu’il plaçait en monogramme sur ses tableaux. Nous ne demandons pas mieux que d’adopter l’interprétation du nom de Bles. Toutefois, nous devons faire observer que ce serait une preuve évidente d’un assez long séjour de Henri dans la partie flamande du pays, car pour le peuple du Namurois le mot Bles n’a aucune signification. Ce n’est qu’en Flandre que cette appellation peut avoir été donnée à l’artiste bouvignois, si toutefois les traditions répétées pour la première fois par Van Mander sont exactes. La chronique du comté de Namur, de Croonendael, le nomme Henri Bles, et lui-même, sur un de ses tableaux de Munich, signe : Henricus Blessius. Voici le passage de Croonendael auquel nous venons de faire allusion :

« D’icelle (Bouvignes) naquit Henricus Blesius, excellent painctre mesme au faict des paysages, encoires que Lampsonius, au catalogue de painctres renomez, veullant préférer ung Liégeois au Namurois, ne luy donne que l’éloge ensuivant :

Pictorem urbs dederat Dionatum Eburonia pictor
Quem proximis dixit poeta versibus.
Illum adeo artificem patriæ situs ipse, magistro
Aptissimus vix edocente fecerat.
Hanc laudem invidit vicinœ exile Bovinum,
Et rura doctum pingere Henricum dedit.
Sed quantum cedit Dionato exile Bovinum,
Joachime, tantum cedit Henricus tibi

« Dinant, ville des Éburons, avait donné le jour à un peintre (Joachim Patenier) dont le poëte a parlé dans les derniers vers. Les sites si pittoresques de sa patrie suffirent pour développer son talent ; ce fut à peine s’il eut besoin d’un maître. L’humble Bouvignes envia cette gloire à Dinant, sa voisine, et enfanta Henri, habile à peindre les paysages. Mais autant l’humble Bouvignes le cède à Dinant, autant Henri le cède à toi, o Joachim. »

     Ces vers latins sont tirés de l’ouvrage de Lampsonius sur les peintres de la Basse-Allemagne. Le peintre et écrivain liégeois nous transmet en même temps le portrait de Henri De Bles, portrait qui est reproduit dans les Ann. de la Société arch. de Namur, t. VIII, p. 59. Il accompagne, dans cette dernière publication, un excellent article sur De Bles, dû à M. Alfred Bequet, de Namur. C’est dans cet article et dans son supplément, t. IX, p. 60, que nous avons puisé les principaux éléments de cette biographie.</ref>.