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ni sa vie. Boisot tint parole. Le 3 octobre, il entre en libérateur dans Leyde. Pour témoigner leur gratitude au vaillant amiral, les états de Hollande lui décernèrent une chaîne d’or. Mais d’autre part, le grand commandeur Requesens, successeur du duc d’Albe, se vengea de l’intrépide gentilhomme bruxellois en confisquant ses biens situés dans le Brabant, où il possédait, entre autres, la seigneurie de Ruart. Louis Boisot donna également sa vie pour la liberté des Pays-Bas. Le 27 mai 1576, il s’était dirigé avec sa flotte vers Zierikzée, assiégée par les Espagnols. Or le vaisseau amiral, qui portait trois cents hommes, après avoir été canonné avec furie, s’entr’ouvrit et s’abîma. Lorsque Guillaume le Taciturne connut ce désastre, il écrivit à son frère Jean de Nassau que c’était Louis Boisot qu’il regrettait surtout « pour l’avoir trouvé vaillant gentilhomme, disait-il, et dévoué au bien de la cause commune. »

Th. Juste.

BOISSCHOT (Charles VAN), prédicateur, écrivain ecclésiastique, né à Bruxelles en 1573, mort dans la même ville le 18 mai 1641. Après avoir achevé ses études, il entra chez les Augustins, à Louvain, et y fit sa profession solennelle en 1592. Il devint prieur du couvent d’Enghien, et plus tard définiteur de la province belge. En 1623, l’archiduchesse Isabelle le nomma abbé du célèbre couvent dit de l’Eeckhoute, abbatia Quercetana, de Bruges. Cette nomination rencontra des oppositions assez fortes pour que Van Boisschot se vît obligé de renoncer à cette dignité. Il se retira à Bruxelles, où il mourut.

Au témoignage des biographes, Van Boisschot était doué d’un talent oratoire tout à fait hors ligne. Il a publié à Louvain le Cérémonial de l’ordre de Saint-Augustin.

E.-H.-J. Reusens.

Foppens, Bibliotheca Belgica, t. I, p. 149. — Tombeur, Provincia Belgica, etc., p. 105. — Ossinger, Bibliotheca Augustiniana, p. 137. — Sanderus, Flandria illustrata, t. II, p. 93.

BOISSCHOT (Ferdinand DE), comte d’Erps, chevalier de l’ordre militaire de Saint- Jacques, baron de Saventhem, seigneur de Nosseghem, Sterrebeke, Quarebbe, Fontaine-le-Château, ban d’Anthée, etc., chancelier de Brabant, né à Bruxelles, dans la dernière moitié du XVIe siècle, mort dans la même ville le 24 octobre 1649, fut un personnage remarquable et fournit une brillante carrière. Son père, Jean-Baptiste de Boisschot, conseiller au conseil privé, était tout dévoué à la politique de Philippe II; aussi s’attira-t-il la haine des patriotes et, lorsque éclata la révolte contre ce monarque, fut-il jeté en prison où il mourut. (Voir l’article suivant.) Sa veuve se retira à Cologne avec ses sept enfants. C’est dans cette ville que le jeune Ferdinand commença ses études qu’il termina à l’Université de Louvain. Le fils hérita du dévouement du père à la cause impopulaire du roi; les mémoires du temps renferment maintes allusions à ce dévouement qui lui a été amèrement reproché. Tout jeune encore, en 1592, Ferdinand de Boisschot fut appelé aux fonctions d’auditeur général qu’il remplit jusqu’en 1611, fontions extrêmement importantes et difficiles à une époque où le lien de la discipline était fort relâché, et où la mutinerie des troupes mal payées était fort fréquente. Boisschot s’acquitta de sa charge avec beaucoup de zèle, de fermeté et de prudence et pendant neuf ans il suivit constamment l’armée. Lorsque la trève avec les Provinces-Unies fut signée, il fut envoyé comme ambassadeur à Londres, à la cour de Jacques Ier; il y séjourna jusqu’à la fin de 1615. Son influence auprès du monarque anglais fut si grande qu’elle amena un revirement complet dans la politique suivie par l’Angleterre; l’ambassadeur parvint à empêcher l’intervention de Jacques Ier dans les démêlés que faisait naître la succession du duc de Clèves et dans lesquels l’Espagne intervenait pour écarter les prétendants protestants. Le départ de Boisschot de la cour de Jacques fut bientôt suivi d’une alliance entre ce monarque et l’Union évangélique. La guerre éclata, et Boisschot dut partir une seconde fois pour Londres. La négociation qu’il y conduisit et mena à bonne fin est fort curieuse; elle mérite d’être rapportée, car si