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de Bolswert fut d’abord originaire, sans doute, mais aucun document n’a fourni jusqu’ici la preuve que les deux frères, ni même leur père, soient nés dans la susdite ville de Frise. C’est à Amsterdam, du reste, et vers 1610, que ces artistes se sont révélés. L’une des premières planches gravées en Hollande par Boëce de Bolswert : Les désordres de la guerre, d’après David Vinckenbooms, in-folio oblong, est de 1610. Il y exécuta aussi, d’après Abraham Bloemaert, un Recueil d’animaux, composé de quatorze pièces, in-4o, daté de 1611; une suite de quatre paysages, au millésime de 1613; une collection de vingt paysages, avec un titre frontispice, signé Boetius Adams Bolswert, fecit et excudit, 1616, in-fol. obl. Puis des estampes, parmi lesquelles on remarque : La Mort et le Temps en guerre avec les hommes, — Adam et Ève au paradis terrestre, compositions de D. Vinckenbooms et gravures estimées, de format grand in-folio en travers, devenues rares, la seconde surtout, sig. B. Adams Bolswert sculpsit. A la même époque fut éditée à Amsterdam, avec octroi exclusif dans les Provinces-Unies, une œuvre où le talent du graveur s’est montré avec distinction : le portrait de Guillaume-Louis de Nassau, d’après Michel Van Mierevelt. Deux autres beaux portraits, publiés aussi avec privilége : Frédéric V, comte palatin du Rhin, et la princesse Élisabeth, son épouse, d’après le même peintre, datent de son séjour à Amsterdam en 1615-1616. Au sujet de ces trois productions, le biographe hollandais Chrétien Kramm cite des annotations de documents contemporains, où le graveur est nommé tantôt Boëtius Bolswert, tantôt Boëtius Bolswaert.

Frère aîné de Schelte de Bolswert, il quitta avec lui la Néerlande, et ils vinrent dans les Pays-Bas espagnols, à Anvers, à Bruxelles, pour y étudier l’art flamand, s’y livrer à la pratique de leur profession, ainsi qu’à la publication et à la vente de leurs œuvres. Ils se fixèrent dans la métropole commerciale, où Boëce, secondé par son frère, fonda un fructueux négoce d’estampes, qu’ils alimentèrent par les nombreuses planches qui ont illustré l’école de gravure de leur patrie adoptive. Boëce de Bolswert figurait déjà comme éditeur, en Hollande, longtemps auparavant. Sur l’Entrée de Jésus-Christ à Jérusalem, estampe gravée par Schelte de Bolswert, d’après D. Vinckenbooms, se lit : B. A. Bolswert excudit, 1612. Deux autres productions de Schelte : La Vierge des douleurs, d’après Abrah. Bloemaert, et Saint Etienne lapidé par les Juifs, d’après Gilles Conincxloo, portent également B.-A. Bolswert excudit. Boëce et Schelte arrivèrent à Anvers en 1618 ou 1619. La matricule de la Gilde de Saint-Luc, le Liggere, présentant aujourd’hui une lacune de 1616 à 1629, l’on n’a pas la date précise de leur entrée dans la corporation anversoise, où ils prirent tous deux la maîtrise artistique; mais dans un compte du doyen Jean van Meurs, pour l’exercice de septembre 1620 à septembre 1621, figure Boëce de Bolswert, graveur sur cuivre (Boetius Bolsuart, plaetsnyder), comme ayant payé à la Gilde le taux le plus élevé des cotisations de maîtrise; le même taux qu’avait soldé en 1619-1620 Luc Vorstermans, graveur en taille-douce et marchand d’objets d’art (plaetsnyder ende kunstcoopman). En janvier 1620, Boëce de Bolswert devint membre de la sodalité des célibataires âgés; en septembre suivant il fut élu conseiller, et en septembre 1622 assistant du préfet de la confrérie.

On ne sait de qui les Bolswert apprirent les éléments de leur art; Boëce cultiva primitivement le burin pur, et sa manière avait beaucoup d’analogie avec le style libre et assuré de Corneille Bloemaert. Prenant cette similitude de travail pour une imitation ou même pour une initiation magistrale, plusieurs auteurs ont supposé qu’il s’était formé à l’école de ce graveur. La supposition est inadmissible : Corneille Bloemaert, né en 1603, n’a pu exercer ni direction personnelle, ni influence sur la première manière de Boëce de Bolswert. Et lorsque celui-ci se mit à reproduire les compositions de Rubens, il la modifia presque entièrement, en donnant à son burin