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fit élever, au milieu du chœur, cette tombe en marbre, sur laquelle était couchée la statuette de son frère, enveloppée de draperies et ayant à ses pieds un lion. Aux quatre angles du sarcophage étaient assises des figurines d’enfants, en marbre blanc, comme l’image du jeune prince. Guyot de Beaugrant reçut pour rémunération deux cents livres de gros de Flandre (2,400 liv. par.), et termina l’ouvrage en moins d’une année. Ce mausolée a disparu en 1773, lors de la démolition de l’église, que remplace le temple actuel de la place Royale. En 1530, il fournit toute la partie en marbre noir et blanc de l’admirable cheminée construite à cette époque dans la salle d’assemblée des magistrats du Franc, à Bruges. Les deux faisceaux de colonnes, ornées de fleurons et surmontées de riches chapitaux, qui soutiennent le manteau de l’âtre, sont reliés par une frise à bas-reliefs en albâtre, représentant quatre épisodes de l’histoire de la chaste Suzanne. Les bas-reliefs sont séparés par des colonnettes ; sur les chapitaux sont placés quatre petits génies. L’artiste y travailla pendant deux ans. Le couronnement sculptural, en bois, de cette cheminée monumentale, dont la réputation est aujourd’hui européenne, est dû à d’autres statuaires belges d’un remarquable talent. Les documents de l’époque les nomment Herman Gloesencamp, Roger De Smet et Adrien Prasch. On en attribue le dessin à Lancelot Blondeel, peintre à Bruges.

Guyot de Beaugrant s’expatria peu de temps après, et se rendit en Espagne. En 1533, il entreprit à Bilbao, dans le Guipuscoa, un magnifique rétable pour l’église de Saint-Jacques. Son dessin-projet avait été agréé par le magistrat municipal, et le prix stipulé dans une convention conclue entre l’artiste et les mandataires de la cité basque. En 1543, il fut fait quelques changements à ce projet, et convenu que l’artiste placerait au sommet du rétable un groupe représentant la cinquième station de la passion du Rédempteur : Simon le Cyrénéen aidant le Christ à porter sa croix. Les épisodes du Chemin de la Croix sont en grande vénération dans les églises espagnoles. J.-A. Cean Bermudez, dans son Dictionnaire historique des beaux-arts en Espagne, cite avec éloge ce rétable de Bilbao : « La sculpture, dit-il, en est traitée avec intelligence, les statues excellentes d’attitudes et parfaitement drapées. » Il conste d’un acte de 1551, que Jean de Beaugrant, frère et disciple de Guyot de Beaugrant, reçut, au nom de sa belle-sœur, alors veuve, ès-mains du major-dome de l’église paroissiale de Saint-Jacques, à Bilbao, trente mille cinq cents maravédis, pour libérer la ville des cinq cent quarante-six écus d’or qu’elle était encore redevable au sculpteur flamand, sur la somme de huit cents écus, prix du rétable.

Le talent de Guyot de Beaugrant nous est donc attesté par le rétable de Bilbao, aussi bien que par les bas-reliefs et les statuettes de Bruges. Ces dernières productions de son habile ciseau nous font vivement regretter de ne point connaître en Belgique d’autres œuvres de lui.

Si Jean de Beaugrant s’est montré digne de son maître, c’est en Espagne que doivent se trouver ses productions. Sa réputation n’a pas franchi les Pyrénées.

Edm. De Busscher.

J. Demersseman et L. De Hondt, Notices sur la cheminée de la salle d’assemblée des magistrats du Franc, à Bruges, 1840, 1845 et 1846. — Alex. Pinchart, Archives des Arts et le Messager des Sciences historiques de Belgique, 1858. — J. A. Cean Bermudez, Diccionario historico de las bellas artes en España, t. II, pp. 243 et suiv.

BEAUJOT (Charles-Remi), capitaine pensionné, chevalier de l’ordre de Léopold, né à Liége, le 13 juillet 1784, décédé en cette ville le 1er novembre 1855. Il servit successivement dans les armées française, hollandaise et belge et termina, en 1840, sa carrière militaire avec le grade de capitaine. Peu avant sa mort, il livra à l’impression un petit volume intitulé : Relation de la captivité du capitaine Beaujot, ancien sergent-major sous l’empire français. Liége, Noël, 1856 (1855), in-18 de 151 pages. L’auteur y fait l’historique de la campagne de Portugal de 1810, et fournit d’intéressants détails sur le traitement des prisonniers de guerre, à bord des pontons anglais.

Ul.Capitaine.