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pourvue, l’encouragèrent à écrire une chronique depuis la création du monde jusqu’en 1415. Il lui donna le titre de Chronodromus seu Cursus temporum et la divisa en trois parties. Les deux premières sont les moins importantes; la troisième commençant à l’année 800 est très-curieuse; l’historien Meyer s’en est servi pour la confection de ses Annales. Brandon cite la plupart des sources auxquelles il a puisé : Sigebert de Gemblours, Paul de Constantinople, Vincent de Beauvais, Martin de Pologne, Guillaume de Malmesbury, Jean Bocace, la chronique de Cluny, Raban Maur, l’Imago speculi Flandriæ, la Genealogia comitum Flandrensium, les Gesta Dei per Francos et d’autres encore ont été mis à contribution. Une bonne copie de la troisième partie de Brandon se trouve à la Bibliothèque royale, à Bruxelles; elle provient de l’abbaye de Saint-Pierre à Gand. Il existait aussi des copies du Chronodromus à la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Bertin, à Saint-Omer, au collége d’Arras, à Louvain et à l’abbaye des Dunes avant sa destruction par les Gueux de mer.

Cet ouvrage a beaucoup perdu de sa valeur, depuis que les chroniqueurs De Meyer, Charles De Visch, Custis, Despars, André Wyts, s’en sont servi. Mais ce sera toujours un monument littéraire constatant les actions de nos ancêtres avant l’invention de l’imprimerie. Un portrait de Brandon se trouve au séminaire épiscopal à Bruges.

F. Vande Putte.

BRANDT (Jean), magistrat, philologue, commentateur, né à Anvers, le 30 septembre 1559, mort le 28 août 1639. Après avoir terminé ses humanités, il alla étudier an collége du Porc, à Louvain, et y obtint le grade de maître ès-arts. Il s’attacha ensuite à l’étude de la jurisprudence; mais les troubles qui déchiraient sa patrie le décidèrent bientôt à passer en France. Il s’arrêta d’abord à Orléans, où il fréquenta les cours de Jean Robert et de Guillaume Fournier; il se rendit ensuite à Bourges, y entendit le célèbre Cujas et eut le bonheur d’être reçu docteur par l’illustre professeur, pour lequel il conserva la plus respectueuse estime. Après avoir visité l’Italie, Brandt revint par l’Allemagne et vint se fixer à Bruxelles où il exerça pendant cinq ans comme avocat. Marié ensuite à Anvers, il y devint, le 22 janvier 1591, secrétaire de la commune, fonctions qu’il occupa pendant trente et un ans, au bout desquels elles furent confiées, sur sa demande, à Henri Brandt, son fils aîné. En récompense de ses longs et bons services, il fut alors nommé, à l’unanimité, sénateur de la ville.

De l’avis de ses biographes, Brandt était aussi savant que modeste, plein de politesse et de sincérité, passionné pour les belles-lettres et toujours disposé à obliger ceux qui les cultivaient. Il avait pour devise : Libenter, ardenter, constanter. On lui doit les ouvrages suivants : 1° Elogia Ciceroniana Romanorum domi militiæque illustrium. Anvers, 1612, in-4o. C’est un résumé de tous les traits historiques répandus dans les ouvrages de Cicéron, et relatifs à la vie des hommes illustres. — 2° C. Julii Cæsaris opera, enrichis de notes politiques et critiques. Francfort, 1606, in-4o, édition très-estimée. Idem, ibidem, 1669, in-4o. Les mêmes notes ont été réproduites dans l’édition de Cambridge, 1716. — 3° Spicilegium criticum in omnia Apuleii opera, dans l’édition d’Apulée, par G. Elmenhorst. Francf., 1621, in-4o. — 4° De perfecti et veri senatoris officio. Anvers, 1633, in-4o. — 5° Vita Philippi Rubens. C’est une vie du frère de Pierre-Paul Rubens; il composa encore d’autres ouvrages restés inédits, mais que Valère André avait vu chez Brandt et dont voici les titres : 6° Commentarius in sex Terentii Comædias. — 7° Breves notæ ad Arnobium et Minucii Felicis Octavium. — 8° Lud. Guicciardini Belgiographia ex Italico sermone latine reddita. Il mourut âgé de près de quatre-vingts ans. Son corps repose dans l’église abbatiale de Saint-Michel, vis-à-vis l’autel du Saint-Sacrement, où l’on voit son épitaphe, qui intéresse surtout en ce qu’elle rappelle que Brandt était le père de la première femme de P.-P. Rubens.

Aug. Vander Meersch.