Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cueillit — c’est encore Saint-Simon qui nous l’apprend — en homme comblé de ses grâces. Le 8, il fut reçu extraordinairement chevalier de l’ordre avec le duc d’Harcourt. En 1709, Philippe V le fit vicaire général de l’Andalousie, puis membre du conseil de cabinet avec le département des affaires militaires ; il le nomma plus tard président du conseil des ordres et président du conseil de guerre. Lors de la signature du contrat de mariage de l’infante doña Maria Anna Vittoria, fille de Philippe V, avec Louis XV, en 1713, ce fut Bedmar qui eut l’honneur d’être premier commissaire d’Espagne. Par une distinction toute spéciale, quand il allait chez le roi, on lui apportait un siége en attendant que Sa Majesté catholique parût. Il mourut, comme nous l’avons dit, en 1723, à l’âge de soixante et onze ans, après en avoir passé cinquante-deux au service de ses souverains.

Saint-Simon, qui avait beaucoup vu et pratiqué Bedmar à Madrid, fait de lui un portrait tout à son avantage. Il avait, dit-il, de l’esprit, du sens, des manières douces, affables, honnêtes ; il était du commerce le plus commode et le plus agréable, toujours gracieux et obligeant, ouvert et poli avec un air de liberté et d’aisance fort rare aux Espagnols. Il loue aussi sa valeur et sa capacité. Sur ce dernier point les témoignages de Boufflers et de Puységur ne s’accordent pas avec celui de Saint-Simon. « Les affaires de la guerre, » dit Puységur dans une lettre du 30 juin 1701 à Torcy « le marquis de Bedmar les entend très-peu ; la police et la discipline des troupes, il n’en connaît point l’usage ; pour les finances, il ne sait ce que c’est. » Boufflers exprime, de son côté, au ministre des affaires étrangères, le regret que, chez le marquis, « les talents ne répondent pas au zèle et aux bonnes intentions » (lettre du 30 octobre 1701). Mais, pendant et depuis son administration des Pays-Bas, Bedmar avait dû se former par le maniement des affaires, et l’on peut raisonnablement admettre qu’il méritait l’éloge que Saint-Simon fait de lui, à l’époque où il le connut.

Gachard.

Moréri. — Saint-Simon, Mémoires. — Relations véritables, journal de Bruxelles, ann. 1700, 1701 et 1702. — Mémoires du feld-maréchal comte de Mérode-Westerloo. — Mémoires militaires relatifs à la succession d’Espagne. — Archives du royaume : Papiers de la veedorie et de la coutadorie ; Compte de la recette générale des finances de 1692. — Archives des affaires étrangères, à Paris, reg. intitulés Pays-Bas, ann. 1701, 1702, 1703 et 1704.

BEDTSBRUGGHE (Gilles VAN), plus connu sous le nom de Betsbruggius, poëte et jurisconsulte, né à Deynze, à la fin du xve siècle. On possède peu de renseignements sur son compte ; on sait seulement qu’il était prêtre, qu’il célébra sa première messe le 8 mai 1524 et qu’à cette occasion il reçut en don, du magistrat de sa ville natale, six lots de vin. Il semble, d’après ses écrits, qu’il passa une grande partie de sa vie à Paris et qu’il s’y livra à la culture de la poésie latine et à l’étude de la jurisprudence. On connaît de lui deux ouvrages latins, à savoir : 1° De usura centesima, besse, triente, semisse, etc. adversus jurisperitos dissentientes ab Hermolao Barbaro, veneto. — 2° Declaratio de eo : an jurisconsulti sine eloquentiæ ope jura civilia intelligere atque exponere possint, ad Nicolaum Beraldum. Parisiis, in-4o, 1524. Il en existe une seconde édition, publiée la même année à Anvers.

Sa réputation d’orateur fait comprendre toute l’importance que Betsbrugghe attachait à l’éloquence juridique.

Bon de Saint-Genois.

Foppens, Bibliot. Belgica, t. I, p. 26. — Piron, Levensbeschryving. — Vanden Abeele, Geschiedenis van Deinze, p. 241.

BEECK (Jean), peintre d’histoire, né à Looz, on ne sait en quelle année et décédé en 1516. Il se fit moine bénédictin dans l’abbaye de Saint-Laurent, près de Liége, et fut élevé, en 1509, à la dignité d’abbé. Il fut le continuateur de la chronique de Jean de Stavelot ; il la reprit en 1449 pour la conduire jusqu’au temps où il vivait.

On sait que le manuscrit de cette chronique ainsi que sa continuation, font partie de la Bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles. Il est, après les frères Van Eyck, le plus ancien artiste du pays de Liége qui ait peint à l’huile. La plupart des tableaux qui ornaient autrefois l’église