Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/76

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Le conseil privé, après l’avoir examinée, « considérant qu’il s’agissait d’une bande de plusieurs centaines de vagabonds, la plupart étrangers, qui jetaient la terreur par tout le pays, et qu’il y aurait une disparate avec le pays de Liége, où la question avait lieu et où déjà il y avait une grande partie de ces brigands arrêtés, si l’on ne se servait point de même de la torture aux Pays-Bas, » exprima l’avis que les sentences rendues par l’office du prévôt de l’hôtel fussent mises à exécution. Le secrétaire d’État, Henri de Crumpipen, aux opinions duquel sa longue expérience des affaires donnait un grand poids, appuya cet avis dans un mémoire. Les raisons alléguées par eux ne purent cependant persuader Belgiojoso, qui refusa l’autorisation demandée. Un écrit de sa main conservé aux Archives du royaume nous fait connaître les motifs de son refus : « Je conviendrais volontiers, y dit-il, du résultat de ce mémoire, si la torture, quelque modérée qu’elle puisse être dans ce pays-ci, pût faciliter la découverte des complices ou les preuves des crimes qu’on doit punir. Mais, comme il est clair comme le jour que la torture ne peut jamais remplir le but que le conseil veut atteindre, puisqu’aucune douleur ne fera dire à un coquin endurci dans le crime et dont les fibres sont peu sensibles un aveu qui doit le conduire à la mort, tandis qu’un innocent qui soit d’un tempérament fort sensible, à la seule vue d’une douleur que sa constitution l’empêche de pouvoir souffrir, avouera de grand cœur ce qu’il n’aura jamais fait, et courra par préférence à une mort dont la souffrance est celle d’un moment, sans compter l’injustice de commencer par punir avant d’avoir prononcé pour coupable un accusé, si la torture que le conseil propose avec tant d’ardeur ne produit pas l’effet qu’il désire, s’il est prouvé qu’elle peut produire un effet contraire, je ne saurais convenir qu’il puisse jamais être nécessaire de faire un mal certain, pour n’opérer aucun bien dans aucun cas. La distinction d’un étranger d’avec un né dans le pays ne saurait jamais être admise par une bonne législation dans la justice criminelle. Elle doit être aveugle à cet égard. Elle doit démêler le coupable, pour le punir, de l’innocent pour l’absoudre….. Si douc la torture est inutile au but que se propose le conseil, si elle peut même faire avouer des crimes qui n’ont pas été commis, si elle est injuste dans le principe, puis-qu’elle punit des hommes dont le crime n’était pas prouvé, peut-on jamais approuver ce que le conseil propose ?….. Il faut toujours partir du principe, que tout juge doit supposer tout homme innocent jusqu’à ce que l’accusateur, soit particulier ou public, ait positivement et avec évidence prouvé le contraire. » De telles maximes proclamées et mises en pratique par le comte de Belgiojoso doivent l’absoudre des fautes qu’il put commettre pendant son ministère.

Gachard.

Archives impériales de cour et d’État, à Vienne. — Archive du royaume, à Bruxelles. — Gazette des Pays-Bas. années 1764, 1770, 1777, 1783, 1787. — Borgnet, Histoire des Belges à la fin du xviie siècle. — Gérard, Ferdinand Rapédius de Berg. — A. Galesloot, Un Prélude de la révolution brabançonne (Revue trimestrielle, 11e année, t. IV).

BELLE (Henri DE), théologien. Voir Henri de Belle.

BELLE (Nicolas VAN), architecte de Notre-Dame, à Bruges. Voir Nicolas Van Belle.

BELLECHIÈRE (Jacques), poëte latin, né à Ypres, dans la première moitié du xvie siècle, obtint un canonicat dans la cathédrale de Saint-Martin de sa ville natale. Il était lié par le commerce des lettres avec cette pléiade de poëtes, si nombreux, au temps de la Renaissance qu’on en rencontrait dans toutes les villes de l’ancienne Flandre occidentale. Jacques Marchant, historien et poëte, François Hème, poëte et directeur des études latines à Courtrai, Jacques Sluper, peut-être le premier et le plus élégant de ces écrivains, qui nous a transmis des fragments de Bellechière dans ses Poëmata, édités à Anvers, en 1575, formèrent une espèce de Parnasse, qui fait époque dans l’histoire des lettres de ce temps. Denis Harduin donne à Bellechière le nom de