Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/113

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BUSCODUCENSIS (Nicolas), célèbre humaniste et théologien protestant du XVIe siècle, naquit à Bois-le-Duc, ancien Brabant, et mourut après 1550 à Blankenburg, dans le Harz. Nous croyons qu’il s’appelait vulgairement « Buschendorp, » nom sous lequel il est désigné dans les anciens registres de l’église luthérienne de Wesel. Mais la mode de la Renaissance a prévalu, et la qualification classique est bien celle qu’il convient de conserver à notre personnage. Il la réclame d’ailleurs sur le titre que voici d’un livret imprimé à Anvers en 1521, le seul de ses ouvrages que nous connaissions : Complures Luciani dialogi a Desiderio Erasmo Rotterdamo in utriusq. linguæ doctissimo in latinum conversi et a Nicolao Buscoducensi Illustrati, Additis Fabularum et diffilium vocabulorum explanationibus. Comme nous le dit une lettre de Pierre Ægidius, qui sert de préface à ce livret, Buscoducensis remplissait au mieux les fonctions de recteur de l’école latine d’Anvers. Mais la vigueur avec laquelle il avait réformé l’enseignement et combattu le latin de cuisine demeuré jusqu’alors en usage, avait déplu à certaines gens. Ce fut bien autre chose quand il s’allia ouvertement à ceux qui soutenaient Martin Luther dans sa célèbre querelle avec l’Université de Louvain. Les inquisiteurs de la foi, nouvellement établis par Charles-Quint, crurent ne pouvoir mieux débuter qu’en sévissant contre lui et ses amis. Ils le firent arrêter secrètement et conduire dans leurs prisons de Bruxelles. Cela se passait à la fin de l’été de 1521, et l’hiver avait à peine commencé que le clergé prenait possession, à Anvers, de l’enseignement humanitaire. L’école de Buscoducensis fut fermée et remplacée par trois autres écoles latines, sous le prétexte plus ou moins spécieux d’offrir aux parents et aux élèves de meilleures garanties et de plus grandes commodités. Buscoducensis, pendant ce temps, supportait sa captivité avec impatience mais sans découragement. Il travaillait à son évasion, et, plus heureux que ses amis et compagnons d’infortune, Jacques Præpositus et Corneille Grapheus, il échappa par la fuite à l’humiliation d’une rétractation publique. Son premier soin fut de se rendre à Bâle où, grâce sans doute à Érasme, il entra de plein pied à l’Université comme professeur ordinaire de grec et de latin. Des années se passèrent. Le rectorat de l’école latine de Wesel étant venu à vaquer en 1540, le sénat de cette ville demanda à Conrad Heresbach de l’aider à trouver un titulaire dont l’enseignement fût conforme aux idées nouvelles. Le conseiller du duc de Clèves, qui avait vu et connu Buscoducensis à Bâle, dans la maison d’Érasme, songea à lui. Son choix fut approuvé par Melanchton. Buscoducensis vint à Wesel et s’y dévoua avec zèle à sa mission. L’école lui servit à réformer l’Église. L’œuvre ébauchée avant lui par Iman Orzen, dit Zelandus, et Antoine van Mechelen, fut solidement établie. Arrivé à ce point, il voulut fonder une université luthérienne. Le sénat de Wesel s’y prêta. Il fut nommé superintendant au mois d’août 1543, position bien supérieure à celle que Melanchton lui avait offerte quelques mois auparavant à Bonn, auprès de Martin Bucer. Notre personnage se proposait sans doute d’attirer à Wesel la jeunesse studieuse des Pays-Bas, puisque l’émotion fut grande à Bruxelles, et qu’on y publia, le 7 mars 1544, un édit qui défendait sous peine de mort de trafiquer avec les gens de Wesel, et, à plus forte raison, d’y envoyer ou même d’y laisser aller les enfants. Si, à cause de cela, les élèves étrangers n’affluèrent pas à Wesel, on y vit cependant arriver de nombreux émigrés des Pays-Bas. Des ouvriers tisserands, venus en 1545 du pays wallon, s’adressèrent à Buscoducensis, lui dirent qu’ils voulaient vivre désormais sous la loi de l’Évangile, et lui demandèrent de leur composer une confession de foi. Notre personnage qui, en sa qualité de superintendant, aurait dû être seulement leur examinateur et leur juge, consentit à être leur interprète. Sa confession de foi, bien plus que la leur, a été imprimée en latin et en français dans le 5e volume des archives pour l’histoire ecclésiastique des Pays-Bas de MM. Kist et Rooyards. Ce document a une certaine importance historique; il nous permet de mesurer le chemin que les idées religieuses avaient fait au