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cour de Rome et de l’autorité ecclésiastique, témoin les ordonnances du 1er septembre 1484 et du 12 septembre 1485, qui interdisaient, sous de grosses peines, d’apporter aux Pays-Bas des bulles, grâces expectatives ou autres provisions papales, et celle du 24 août 1486 portant défense d’attraire aucuns laïques, pour actions personnelles et causes profanes, devant les officiaux des diocèses de Térouane, Tournai, Cambrai et Utrecht[1]. Peut-être ces différents motifs du remplacement de Carondelet ne sont-ils pas plus fondés l’un que l’autre et de nouvelles recherches permettront-elles d’en découvrir la véritable cause : Molinet, qui raconte avec assez de détails les événements du règne de Philippe le Beau, est muet à cet égard. Carondelet mourut à Malines, comme nous l’avons dit plus haut[2], le 2 mars 1501 (1502, n. st.), laissant la réputation d’un jurisconsulte profond, d’un magistrat intègre, d’un négociateur habile, d’un ministre actif et ferme. Il avait épousé, en 1466, Marguerite de Chassey, dont il eut six fils et cinq filles. Son corps, déposé d’abord en l’église de Saint-Rombaut, à Malines, fut, ainsi qu’il l’avait prescrit dans son testament, transporté à Dôle, où il reçut la sépulture en l’église collégiale et paroissiale. Sa femme, morte le 30 mai 1511, fut enterrée à côté de lui.

En 1784, l’Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles proposa extraordinairement, pour sujet de concours, l’Éloge du chancelier Carondelet, éloge qui, sous la forme d’un mémoire historique et politique, devait contenir un récit circonstancié des actes et commissions dont ce magistrat fut chargé par les princes des maisons de Bourgogne et d’Autriche sous lesquels il servit. Trois mémoires, écrits en français, furent envoyés au concours. L’Académie décerna le prix à mademoiselle Marie-Caroline Murray, née à Bruxelles, qui s’était fait connaître déjà par quelques morceaux en prose et en vers ; elle accorda aux deux autres concurrents, M. Lesbroussart, professeur au Collége therésien, et M. Baert, bibliothécaire du marquis du Chasteler, une mention honorable. Les ouvrages de mademoiselle Murray et de M. Lesbroussart furent l’un et l’autre imprimés en 1786; nous ne les avons pas consultés sans fruit pour la rédaction de cet article, quoiqu’ils laissent à désirer sous le rapport des faits et des dates, les auteurs n’ayant pas puisé aux véritables sources, c’est-à-dire dans les archives de l’ancienne chambre des comptes de Flandre, à Lille, où reposaient, comme ils reposent encore aujourd’hui, les documents politiques et diplomatiques des règnes de Philippe le Bon, de Charles le Hardi, de Maximilien et de Philippe le Beau.

Gachard.

Dunod, Mémoires pour servir à l’histoire du comté de Bourgogne. 1740, in-4o. — 'Gollut, Les mémoires historiques de la république séquanoise, 1846, in-8o. — Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV. — Duclos, Histoire de Louis XI, 1829, in-8o. — Wielant, Antiquités de Flandre (t. IV des Chroniques de Flandre publiées par la Commission royale d’histoire). — La Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, t. IV. — Placards de Flandre, t. I. — Chroniques de Jean Molinet, édit. Bucon, 1828, in-8o. — Mademoiselle Murray, Éloge et mémoire historique et politique sur la vie de Jean de Carondelet, etc., qui a remporté le prix de l’Académie impériale et royale de Bruxelles en 1785. — Lesbroussart, Éloge de Jean de Carondelet, etc., suivi de notes historiques : ouvrage qui a obtenu une mention honorable au jugement de l’Académie impériale et royale de Bruxelles. — Le baron Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. V. — Archives du royaume : Comptes de Guilbert de Ruple, argentier du duc de bourgogne pour les années 1468, 1469, 1470 : registres divers.

*CARONDELET (Jean), chef du conseil privé, né à Dôle, en 1469, était le deuxième fils du chancelier Carondelet. Il embrassa l’état ecclésiastique et devint de bonne heure doyen de la métropole de Besançon. Philippe le Beau, ayant donné, en 1497, une nouvelle organisation au grand conseil établi près sa personne pour les affaires de justice, comprit Carondelet au nombre des maîtres des requêtes ordinaires qui furent appelés à en faire, partie[3]. Lorsque,

  1. Mademoiselle Murray, Éloge, etc. p. 37.
  2. La Chenaye-Desbois donne à la mort de Carondelet la date du 21 mars; mais celle du 2 mars est généralement adoptée.
  3. D’après Foppens, dans son Histoire du grand conseil de Malines, conservée en manuscrit à la Bibliothèque royale, Carondelet aurait été, dès 1494, « conseiller ecclésiastique au conseil d’État des Pays-Bas. » Il n’existait point de conseil d’État en 1494; Foppens s’est donc trompé : peut-être a-t-il confondu avec la nomination de 1497 dont nous parlons.