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de Savoie. Tout y était du maître et, ajoute Mariette « les testes en sont sy bien touchées qu’elles paroissent de Van Dyck. » En effet, nous ne savons si c’est à la modestie bien connue du peintre, modestie vantée dans son épitaphe, qu’il faut attribuer le recours à ses collègues pour peindre les personnages de ses compositions, mais chaque fois qu’il a exécuté seul toute l’œuvre, il s’est montré artiste supérieur; ses petites figures, bien groupées, sont touchées avec un rare esprit, une finesse remarquable et un goût exquis. Un peu de minutie et un coloris parfois trop bleuâtre sont les seuls défauts qu’on puisse lui reprocher, et encore ne les trouve-t-on pas dans tous ses travaux. On en cite où les personnages sont traités par grandes masses et compris avec toute la largeur désirable. Ses arbres sont beaux de forme, les fonds d’une grande richesse, les plantes, les fleurs, les fruits, admirablement finis quoique avec un peu de sécheresse. Son pinceau était léger et ferme à la fois. On sait que Rubens aimait à l’avoir pour collaborateur. Il peignit beaucoup avec Henri van Balen, puis avec Rottenhamer, H. Ce Clerck, les Francken, etc. A son tour il étoflait les tableaux de Van Steenwyck et De Josse de Momper. Son portrait, gravé par Van Dyck, fait partie de la collection des Cent. De nombreux témoignages attestent le caractère généreux, bienveillant et modeste de notre peintre. Tous les artistes étaient ses amis et c’est pour lui, peut-être, que Rubens montra le plus d’estime et d’affection. Il jouissait d’une belle fortune, en grande partie le produit de sa vie laborieuse; il aimait la distinction et se plaisait à se vêtir d’habits de velours, habitude d’où lui vint son surnom et ainsi que nous l’atteste son fils aîné, Jean, qui, paraît-il, hérita ce goût de son père. Enfin il possédait une belle collection de tableaux de ses contemporains. Il donna naissance à une école nombreuse d’imitateurs qui se perpétua près d’un siècle après lui. Parmi ses élèves, on cite Daniel Zegers, Luc De Wael et Jacques Fouquières. Le Blanc mentionne de lui quatre paysages gravés à l’eau-forte et marqués J. Sadeler exc. Breughel a fait des dessins rehaussés de couleur, moitié au pinceau, moitié à la plume, à traits fins, et qui ont une grande valeur; ils sont excessivement estimés des amateurs et permettent, mieux encore que ses tableaux, d’apprécier l’habileté du maître.

Ad. Siret.

BREUGHEL (Jean), le jeune, fils de Jean dit de Velours, peintre de paysage avec figures, de fleurs et d’animaux, naquit à Anvers en 1601. Il reçut, sans aucun doute, les leçons de son père, et, jeune encore, se rendit en Italie. Il y rencontra son cousin germain, le peintre Luc De Wael, qui lui fut on ne peut plus utile à Gênes et à Turin. A Milan, le jeune artiste tomba sérieusement malade; mais il avait été adressé au protecteur de son père, le cardinal Borromée, et celui-ci, gardant toujours à Breughel de Velours un affectueux souvenir, logea le fils dans son palais où il le fit soigner. Au mois d’août 1625, Breughel était revenu dans sa ville natale; il ne devait plus retrouver son père, décédé au mois de janvier précédent. La même année il se fit recevoir parmi les membres de la société de rhétorique la Violette, et, en juillet 1626, il épousa Anne-Marie Janssens, fille du peintre Abraham; il en eut plusieurs enfants. La mère d’Anne Marie Janssens était fille de Pierre Goetkint, maître de Breughel de Velours. Les protecteurs et les commandes ne manquèrent pas non plus à notre artiste; en 1626, il vendit une de ses œuvres au duc de Savoie, et, plus tard, il travailla également pour l’archiduc Léopold, gouverneur général des Pays-Bas. En 1630-1631, il fut élu doyen de la corporation de Saint- Luc. L’époque de son décès n’est pas connue, mais M. Van Lerius, rédacteur du livret du Musée d’Anvers, possède la preuve que notre artiste vivait encore en 1677. Plusieurs de ses fils cultivèrent la peinture; Jean Pierre, né en 1628, fut reçu franc-maître en 1645; il mourut en Italie. Philippe, né en 1635, est inscrit comme franc-maître, en 1655. Reste Abraham, né en 1631; mais il n’est point inscrit dans la corporation et l’on n’est pas sûr qu’il ait peint.

Il n’y a pas bien longtemps encore que Jean Breughel, le jeune, était presque inconnu; c’est à M. Van Lerius que