Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le roi Ferdinand y eût présidé en personne. Ce prince, voyant l’impossibilité de concilier les docteurs catholiques et les ministres luthériens, avait, sous l’approbation de l’empereur, remis l’examen des questions controversées entre eux à une conférence qui se réunirait à Worms le 28 octobre, conférence où le nombre des théologiens serait égal de part et d’autre, et à laquelle des nonces du pape seraient admis. L’empereur n’avait point hésité à ratifier le décret de son frère; il avait fait partir pour Worms, avec la mission de l’y représenter, le seigneur de Granvelle, son principal ministre pour les affaires de l’Allemagne, comme l’était, pour celles d’Espagne et de l’Italie, le grand commandeur Francisco de los Covos; Paul III, de son côté, y avait envoyé Tommaso Campeggio en qualité de nonce du saint-siége. Après de longs pourparlers sur des points de forme, le colloque s’était enfin ouvert, le 13 janvier[1], par une dispute publique entre le docteur Eck et Mélanchton : mais, dès le troisième ou le quatrième jour, il avait été rompu, Granvelle ayant reçu des lettres de l’empereur qui évoquaient le débat à la diète de Ratisbonne.

Cette diète, si vivement désirée des catholiques aussi bien que des protestants, Charles, le 5 avril 1541[2], y donna commencement. On a vu qu’il était à Ratisbonne depuis le 23 février; mais la plupart des électeurs et des princes, ou des commis qu’ils avaient revêtus de leurs pouvoirs, s’y étaient fait attendre; le cardinal Gaspare Contarini, légat du pape, n’y était arrivé que dans le courant du mois de mars. La proposition, rédigée en langue allemande, fut lue en partie par le comte palatin Frédéric, que l’empereur avait nommé son lieutenant auprès de la diète, en partie par le conseiller de Naves[3]; l’empereur y déclarait que l’objet essentiel dont les représentants de l’Allemagne avaient à s’occuper était de mettre un terme aux dissensions religieuses : il offrait de s’y employer avec tout le zèle d’un bon chrétien; il exhortait les états à faire de même; il leur disait que, s’ils ne trouvaient pas de meilleurs moyens pour atteindre ce but, il était prêt à députer des personnages savants, pieux, de bonne conscience et amis de la paix, qui examineraient les points et articles étant en débat, et s’appliqueraient à amener un accord entre les partis. Il priait aussi les électeurs, les princes et les villes de considérer ce qu’exigeait la défense de la chrétienté contre les Turcs. Le cardinal de Mayence, répondant au nom de l’assemblée, assura l’empereur des dispositions des états à seconder ses vues. Ils en donnèrent une preuve en lui déférant le choix de la députation dont il avait parlé. En conséquence il nomma, pour les catholiques, Jean Eck, Jules Pflug et Jean Gropper; pour les protestants, Philippe Mélanchton, Martin Bucer et Jean Pistorius : ces députés devaient se réunir et discuter sous la présidence du comte Frédéric et du seigneur de Granvelle, à l’intervention de plusieurs prélats.

Le colloque s’étant terminé le 28 mai, ils présentèrent à l’empereur, le 31, les articles qu’ils avaient adoptés d’un commun accord et ceux sur lesquels ils n’avaient pu convenir[4]. Charles, le 8 juin, communiqua les uns et les autres à la diète, avec les écrits dont ils étaient accompagnés, afin qu’elle en fit la matière de ses délibérations; il en donna aussi communication au légat. Les évêques ne se montrèrent pas satisfaits des actes du colloque. Le légat répondit à l’empereur que, les écrits des députés différant en plusieurs points de la croyance de l’Église, il fallait renvoyer le tout au saint-siége, qui déciderait ces points conformément à la vérité catholique, soit dans un concile général, soit de quelque autre

  1. Selon le P. Barre; le 14 suivant Schmidt.
  2. Et non le 8, comme le dit Schmidt. Le père Barre est d’accord, sur ce point, avec le Journal du sieur de Herbais.
  3. Il était alors conseiller au conseil de Luxembourg. L’empereur le fit peu de temps après, vice-chancelier de l’Empire et conseiller au conseil privé des Pays-Bas.
  4. Les articles sur lesquels ils n’avaient pu s’accorder étaient ceux de la puissance de l’Église, du sacrement de pénitence, de l’eucharistie, de l’invocation ses saints, de la messe, de l’usage du calice, de la hiérarchie et du célibat des prêtres. (Le P. Barre.)