Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/437

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régiments de gens de pied et de huit mille chevaux; il fit renforcer les garnisons de Francfort et de Ratisbonne : il venait de donner son accession à la trève que Jules III avait, le 29 avril, signée pour deux ans avec Henri II et Octave Farnèse[1]; il écrivit en Italie pour qu’on lui envoyât quatre mille hommes de troupes italiennes et deux mille Espagnols; enfin il appela d’Espagne le duc d’Albe, à qui, cette fois encore, il se proposait de confier le commandement de son armée.

Ferdinand arriva à Passau le 29 mai avec l’archevêque de Salzbourg; il y trouva Maurice de Saxe, les ducs de Bavière et de Mecklembourg, les évêques de Passau et d’Eichstædt, ainsi que des envoyés de l’électeur de Brandebourg, du marquis Jean son frère et de l’évêque de Würzbourg. Les jours suivants, des députés des quatre électeurs du Rhin, des ducs de Juliers et de Wurtemberg, du duc Henri de Brunswick, du duc Philippe de Poméranie, vinrent compléter la réunion des princes dont la médiation était réclamée pour le rétablissement de la paix entre l’empereur et les confédérés[2]; Charles-Quint avait chargé de le représenter auprès de cette assemblée le seigneur de Rye et le vice-chancelier Seldt. Le congrès s’ouvrit le 1er juin; l’ordre adopté pour les négociations fut celui-ci. Les princes présents et les députés des absents délibéraient entre eux sur les communications des deux parties; le roi des Romains les examinait de son côté; ils conféraient ensuite leurs opinions, et de ce dont ils étaient tombés d’accord ils en donnaient connaissance au duc Maurice et aux représentants de l’empereur[3]. L’évêque de Bayonne, ambassadeur de Henri II, accouru à Passau sous les auspices de l’électeur de Saxe, se flattait d’influencer les délibérations du congrès; il fut déçu de son attente : à la vérité, l’assemblée des princes lui donna audience le 3 juin, et il prononça devant elle un long discours où il exalta l’ancienne alliance de la France avec la Germanie; mais Ferdinand ne voulut pas le recevoir. Il quitta la ville bientôt après, très-mécontent du peu d’état qu’on avait fait de lui[4].

Dès l’ouverture du congrès, Maurice renouvela les demandes qu’il avait formées touchant la mise en liberté du landgrave, son beau-père, le droit pour les protestants d’exercer leur religion, le redressement des griefs de l’Allemagne contre le gouvernement de l’empereur, l’organisation de la chambre impériale, etc. Charles-Quint, dans les instructions données à ses envoyés et au roi des Eomains, avait sur ces différents points fait des concessions : mais elles n’étaient pas telles qu’elles pussent satisfaire l’électeur de Saxe, et Maurice n’entendait rien rabattre de ses prétentions; Ferdinand avait eu beaucoup de peine à obtenir de lui que l’armistice convenu pour le temps pendant lequel le congrès serait réuni fût quelque peu prolongé. La plupart des princes présents à Passau ou qui y étaient représentés voulaient la paix à tout prix : ceux dont les pays étaient particulièrement exposés aux attaques des confédérés, comme le duc de Bavière, l’archevêque de Salzbourg, l’évêque de Passau, les voyaient « totalement gâtés en trois jours, » au cas que les négociations aboutissent à une rupture[5]. Ces dispositions ne contribuèrent pas peu à accélérer le résultat des conférences. Le 19 juin les médiateurs arrêtèrent un projet de transaction qui devait être soumis par le roi Ferdinand à l’empereur et par l’électeur Maurice à ses alliés. Celui-ci partit le 24 pour le leur communiquer.

De tous les princes qui se trouvaient à Passau, il n’y en avait aucun qui désirât plus ardemment que le roi des Romains la cessation des troubles de l’Allemagne; il avait pour cela des motifs graves. Les Turcs venaient d’envahir la Hongrie avec des forces

  1. Lettre de Charles à la reine Marie du 30 mai, déjà citée.
  2. Lettres de Ferdinand à Charles, des 30 mai et 1er juin, dans Lanz, t. III, pp. 209 et 217. — Préambule du traité de Passau.
  3. Lettre de Ferdinand à Charles du 3 juin : Lanz, t. III, p. 218.
  4. Lettre de Ferdinand à Charles du 22 juin, dans Lanz, t. III, p. 279.
  5. Ibidem.