Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/492

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ria, comme nous l’avons dit, d’abord avec Alexandre de Médicis, ensuite avec Octave Farnèse. Elle fut deux fois, sous le règne de Philippe II, gouvernante des Pays-Bas. Elle mourut le 18 janvier 1586 à Ortona, ville de l’Abruzze citérieure, au bord du golfe de Venise, 2° Don Juan d’Autriche, né en 1547 de Barbara Blombergh, appartenance à la petite bourgeoisie de Ratisbonne. Il porta le nom vulgaire de Gerónimo ou Jérôme jusqu’à ce que, au mois d’octobre 1559, Philippe II le reconnut pour son frère. La victoire de Lépante a immortalisé le nom de don Juan d’Autriche. Il mourut, le 1er octobre 1578, au camp de Bouges, près de Namur, où il commandait l’armée espagnole. Philippe II l’avait nommé gouverneur des Pays-Bas en 1576.

Charles-Quint était de stature moyenne et bien proportionné de corps; il avait les cheveux châtains, le teint blanc, le front large, les yeux bleus, le nez aquilin, la bouche grande, la mâchoire inférieure longue et large, ce qui faisait qu’il ne pouvait joindre les dents d’en haut avec celles d’en bas et qu’on entendait difficilement la fin de ses paroles. Son aspect était grave, sans avoir rien de rude ni de sévère. Avant que la goutte eût ruiné sa constitution, il excellait dans tous les exercices du corps; il montait supérieurement à cheval; il ne le cédait en adresse à aucun des seigneurs de sa cour dans les carrousels, les joutes et les tournois. Bien différent en cela de François Ier, jamais les plaisirs ne lui faisaient négliger les affaires; on peut même dire que celles-ci l’absorbaient tout entier : le seul passe-temps qu’il se donnât était celui de la chasse. S’il est vrai, comme l’assure un ambassadeur vénitien, qu’il fût d’une nature timide, au point que la vue d’une souris ou d’une araignée lui causait une sensation de frayeur, et s’il faut ajouter foi à ce que rapporte le même ambassadeur que, le jour de la bataille d’Ingolstadt, il eut peur au moment où on lui annonça l’approche inopinée des protestants[1], on doit reconnaître que sa force d’âme lui faisait bientôt surmonter cette timidité naturelle : car dans l’expédition de Tunis, dans celle d’Alger, lors de cette même affaire d’Ingolstadt, à Mühlberg et dans les campagnes de France, il fit preuve d’une intrépidité héroïque. Il était très-chatouilleux sur le point d’honneur, ainsi qu’il le montra dans ses démêlés avec François Ier. La constance, l’énergie, formait le fond de son caractère; jamais il n’aurait rien fait à quoi il y eût apparence qu’il fût forcé; il aurait plutôt laissé bouleverser le monde que d’agir par contrainte. La prospérité ne le rendait pas plus superbe que l’adversité ne l’abattait. On lui a reproché d’être lent dans ses résolutions : cette lenteur tenait à ce qu’il voulait considérer minutieusement les affaires sous leurs diverses faces. Charles parlait le français, l’espagnol et l’italien. Il s’entendait, autant qu’aucun de ses généraux, à toutes les choses concernant la guerre. Il aimait les arts et les lettres et faisait un grand cas des hommes qui s’y distinguaient. On sait en quelle estime il tenait le Titien. La musique le charmait autant que la peinture, et sa chapelle était réputée la première de toute la chrétienté. Dans les dernières années de sa vie, l’astronomie et la mécanique faisaient particulièrement ses délices.

Plusieurs circonstances connues témoignent du prix que Charles-Quint attachait à ce que les événements de son règne fussent transmis fidèlement à la postérité. Nous rappellerons que, au monastère de Yuste, peu de semaines avant la maladie qui le conduisit au tombeau, il se préoccupait des chroniques qu’avaient entre-pris d’écrire Florian d’Ocampo et Juan Ginès de Sepulveva, ses historiographes;

  1. «... Cesare (il che parerà forse difficile a credere), como dicono tutti li sui famigliari, è di natura timido, et timido di sorte che ha molte volte paura grande fino quando si vede venir appresso un sorzo ó un ragno; et alcuna volta per qualche gran timore anco trema, como fece quel giorno quando l’esercito di protestanti si presentò al Englestat, che essendoli venuta tal nova, ritrovandosi nel letto, subito, per quanto ho inteso da un famigliar suo che si ritrovò presente, principiò a tremare... (Relatione d’Alvise Mocenigo, dans les Fontes rerum Austriacarum, t. XXX. p. 18.)
       J’ai fait beaucoup d’emprunts à la Relation de Mocenigo en racontant les événements de la guerre d’Allemagne; j’en avais une copie faite sur l’original aux Archives de Vienne; j’ignorais alors qu’elle venait d’être publiée par M. Fiedler.