Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 7.djvu/407

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et tout fut livré aux flammes, rien ne resta de l’œuvre colossale de notre artiste qui, la douleur dans l’âme mais résigné, se retira à Florenville, où il ouvrit un nouvel atelier et où travaillèrent entre autres les Frères Redouté et Rambloux, ce dernier devenu conservateur du Musée de Cologne. Gilson, toujours plein d’activité, produisit un nombre considérable de tableaux religieux et de portraits, décora de peintures le réfectoire de l’abbaye de Munster, séjourna à Montmedy, dans d’autres localités encore, puis revint dans son atelier à Florenville, où, partageant son temps entre la prière, la peinture et la musique, il mourut paisiblement le 11 janvier 1809.

Voici l’épitaphe qu’on lit encore sur sa tombe dans l’église de Florenville :

ci gîst
abraham gilson
frère convers
de l’abbaye d’orval.
il fut peinte célèbre, et son noble talent
décora cette église, artiste bienfaisant,
modeste et vertueux ; religieux austère,
il vécut en bon frère et mourut en saint père
le 16 janvier 1809
R. I. P.

Doué d’une fécondité extraordinaire, Gilson dota son abbaye de cent deux tableaux de grande dimension. Il en fit pour les églises d’Arlon, de Bouillon, d’Étalle, de Chantemelle, de Habay-la-Vieille, de Hachy, de Rossignol, de Tintigny, de Chassepierre, de Florenville, de La Cuisine, de Muno, etc. Le nombre de ses portraits est également considérable. Sans ces derniers, le relevé de ses tableaux est de 351. Le talent de frère Abraham se ressent de l’absence d’études suivies. Son dessin est le plus souvent défectueux, et ses compositions rappellent les maîtres italiens dont il copiait, le plus souvent, les gravures pour la disposition des groupes. Son coloris est original, souvent monotone, et il se complaisait, surtout dans ses portraits, à détailler les ornements de la toilette. Sa touche est un peu sèche. Gilson, venu à une époque troublée, abandonné à lui-même, ne fut qu’un peintre d’instinct et, comme tel, il a laissé des œuvres qu’on ne saurait louer absolument. S’il avait pu se livrer à des études régulières il eût conquis une place honorable, et souvent victorieuse, parmi les peintres de la décadence flamande.

Ad. Siret.

GINETIUS (Jean). Le nom de ce personnage nous a été conservé par Brasseur dans deux quatrains de ses Sydera illustrium Hannoniæ scriptorum, sect. III, p. 76. Les détails biographiques que l’on peut tirer de ces huit vers ampoulés sont des plus minces et des plus insignifiants. Ils nous apprennent que Ginetius, né à Mons à une époque non désignée, mais qui ne doit probablement pas être placée plus haut que le premier tiers du xvie siècle, composa des poèmes latins et peut-être aussi français[1], qui lui firent obtenir le titre honorifique de lauréat, et qu’il mourut recteur du collège de Houdain, emportant dans la tombe, dit son panégyriste, que personne ne sera tenté de prendre ici à la lettre, le renom d’un second Virgile.

Henri Pirenne.

GIRKEN (Nicolas), écrivain ecclésiastique, né à Eyberdingen (Luxembourg), vers 1662, mort à Aix-la-Chapelle le 1er juillet 1717. À l’âge de dix-huit ans, il entra dans l’ordre des Ermites de Saint-Augustin. Ayant fait sa profession religieuse à Cologne, il prit, dans l’Université de cette ville, le grade de docteur en théologie, et y fut chargé, en qualité de professeur ordinaire, de l’enseignement de cette science. Il remplit successivement, dans son ordre, les fonctions de prieur du couvent de Cologne et de provincial.

On a de lui : Summa summæ theologiæ scholasticæ I speculativæ, II moralis, III sacramentalis, secundum tuta et inconcussa dogmata SS. Augustini et Thomæ. Coloniæ Agrippinæ, 1704 ; 3 vol. in-12o. Cet ouvrage fut réimprimé dans la même ville en 1719 ; 4 vol. in-8o.

E.-H.-J. Reusens.

Hartzheim, Bibliotheca Coloniensis, p. 216. — Paquot, Mémoires, éd. in-fol., III, p. 150.

  1. Nec potis est musas Gallas, Latiasque per urbem,
    Aut orbem lacrymas continuisse suas.