Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 8.djvu/443

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853 Hl Le savoir et l’esprit enjoué du jeune étudiant lui valurent une autre amitié non moins précieuse, celle de Jean Dousa, le premier curateur de l’Université de Levde. Il fut bientôt reçu dans son intimité et souvent invité au château de Xoordwyk, dont Dousa était le seigneur. Sous l’influence de ces hommes distingués sa vocation se décida et, à tout jamais, il se voua aux lettres. Il était cependant encore inscrit comme élève en droit, lorsqu’il publia, en 1600, un premier écrit philologique. Rapheling, faisant paraître une nouvelle édition de Siliiis Italiens, demanda à Heinsius d’y ajouter quelques notes. Il écrivit donc une série de remarques, auxquelles son jeune âge lui fit donner le nom de » jouets Siliens » Crepundia Siliaiw. L’opuscule fut imprimé à la suite du Siliiis de Rapheling (Leyde, 1600, 192 pages, in-12). L’auteur y corrige fréquemment le texte au moyen des leçons du manuscrit de Cologne, que Modius avait fait connaître ; il propose aussi une quarantaine de conjectures dont dix environ ont été admises par tous les éditeurs. Il explique plusieurs locutions difficiles ou des usages peu connus, et fait preuve de lectures fort étendues dans la littérature grecque. Plus d’une fois il donne carrière à sa verve poétique et insère dans ses notes des poésies latines ou grecques de sa composition. Ce premier ouvrage fut reçu avec faveur ; on le réimprima à Cambridge, en 1646, et Drakenborch le reproduisit encore, au siècle suivant, dans sa grande édition de Silim (V’Utcht, 1717). Ayant ainsi donné une preuve manifeste de son savoir et protégé par Scaliger et Dousa, Heinsius fut autorisé au mois de mai 1602, parles curateurs de l’Université de Leyde, à faire un cours d’interprétation de poètes anciens. Il l’ouvrit le 9 septembre par l’explication des odes d’Horace (le discours d’ouverture se trouve dans les Oratioties, éd. de 1642, no 32). Son succès fut éclatant. Aussi dès l’année suivante, le 11 mai 1603, Heinsius, qui n’avait encore que vingt-trois ans, fut attaché à l’Universite comme professeur extraordinaire de poésie, et le 8 aoûtdela même année, les curateurs augmentèrent son traitement d’un tiers, de crainte qu’il n’allât porter ailleurs les fruits de son talent. Il expliqua ensuite de préférence des auteurs grecs, entre autres Théocrite, VEIectre de Sophocle, les Pythiques de Pindare, la Vie de Socrate, par Diogène Laerce (voir Orationes, 31, 23, 28, 22, 24). En 1605, on lui permit d’ajouter à son titre de pro/essor pneseos celui de professer litiffuep graca. Le titulaire du cours de grec, Bonav. Vulcanius (voir Biogr. nat., t. V, p. 753, article De Smèt), était déjà âgé de soixante-sept ans, et semblait avoir besoin d’être suppléé dans ses fonctions. En 1610, Heinsius devint professeur ordinaire. Deux ans après, il fut autorisé à prendre le titre àe, professer politices, à condition toutefois qu’il enseignerait cette science par l’interprétation d’auteurs grecs. Il s’acquitta de sa mission en expliquant la politique d’Aristote, mais dès l’année suivante (9 février 1613), il put remettre le cours de grec à Meursius et diriger la jeunesse vers l’art du gouvernement par l’explication d’auteurs latins. Il inaugura ce nouveau cours en interprétant la satire de Sénèque contre Claude, nommée Apocolocynthosis (voir Orat., 19). Enfin Baudius, le professeur d’histoire, étant venu à mourir le 22 août de la même année, Heinsius fut chargé de cet enseignement le 20 décembre, et il porta dès lors jusqu’à la fin de sa vie le titre de professer historiaritm. Il ouvrit le cours par un discours sur la dignité de l’histoire (Orat., 13), puis continua l’explication de Plorus, que Baudius avait commencée. Il interpréta de même, les années suivantes. Tacite, Suétone et d’autres historiens, prononçant de temps en temps des discours sur- des parties intéressantes de l’histoire romaine (Orat., 14,15, 16, 17, 18, 20). L’affluence des élèves, surtout à ces discours, était telle que la salle ordinaire ne suffisait pas pour les contenir et que le professeur devait les assembler dans le grand auditoire de théologie. Heinsius captivait, en effet, ses audi-