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donné pour femme Jeanne, la fille ainée de Baudouin de Constantinople.

Henri Ier perdit sa première femme en 1209 ou 1210, et plutôt en 1210, car en 1215 ou 1210, suivant Rigord, chroniqueur contemporain, le second fils du duc, Godefroid, n’avait que cinq ans. En septembre 1211, il prit part à une campagne dirigée par Henri, comte palatin, contre l’archevâque de Mayence, Sifroi, qui venait de proclamer roi, en Allemagne, Frédéric de Souabe. Puis, profitant de l’appui qu’il trouvait dans le chapitre de Saint-Lambert, il entra en guerre contre l’évêque de Liège, à qui il contestait l’héritage de son parent, Albert, comte de Dachsbourg, et notamment le comté de Moha. Albert n’avait d’autre enfant qu’une fille, appelée Gertrude ; il avait fait abandon à l’église de Liège de sa terre de Moha et Waleffe, mais le duc la réclamait, parce qu’il avait prêté à Albert 15,000 marcs. Au mépris des droits attribués à Henri à Maestricht par Philippe de Souabe, Hugues de Pierrepont et le comte de Looz y firent démolir un pont et une partie de murs, construits par ses ordres. Henri, de son côté, réunit son armée, marcha contre Liège et y entra sans résistance le 3 mai 1212. Les Brabançons commirent beaucoup d’actes de pillage et de violence, mais le duc prit aussitôt des mesures pour rétablir l’ordre et s’attacha surtout à faire prêter aux bourgeois serment de fidélité à Othon IV. Rentré dans ses États, il y fut bientôt attaqué par l’évêque Hugues, qui avait appelé à son aide le comte Ferrand de Portugal ; mais la réunion de leur armée, qui eut lieu près du Piéton, au mois de juillet, n’aboutit qu’à une convention par laquelle Henri Ier promettait une indemnité à l’évêque et s’engageait à venir à Liège faire amende honorable.

Henri Ier et Ferrand étaient, en ce moment, étroitement liés. Ferrand allait s’unir au roi d’Angleterre contre le roi de France, tandis que Henri Ier et Jean sans Terre renouaient leurs anciennes relations. Mais Philippe, marquis de Namur, étant mort, des pourparlers s’engagèrent pour le mariage de sa veuve, Marie, fille de Philippe-Auguste, avec le duc Henri. Par deux traités, datés de Soissons et du commencement de l’année 1213, le roi s’engagea à conseiller à Frédéric II de restituer au duc les avantages que Philippe de Souabe lui avait accordés et, de son côté, Henri Ier promit d’aider le roi de France contre tous, sauf contre son suzerain, l’empereur d’Allemagne, de seconder une invasion en Angleterre, de reconnaître Philippe-Auguste comme l’arbitre de ses différends avec l’évêque de Liege, et enfin de faire garantir l’exécution de ces conditions par ses barons et ses vassaux et par quatre de ses villes.

Pendant qu’il s’alliait avec le roi de France et Frédéric II, Henri Ier se brouillait avec le roi d’Angleterre. Il seconda le premier dans la conquête qu’il fit de la Flandre presque entière ; mais, lorsque Philippe-Auguste fut rentré en France, Ferrand de Portugal fit dévaster le pays entre la Dendre et Bruxelles, assiégea cette ville et força le duc à lui remettre en otage ses deux fils, Henri et Godefroid. Henri Ier, débarrassé de cette attaque, se porta alors vers le pays de Liège, où il causa de grands ravages. Quelques chroniques lui attribuent en cette occasion des actes indignes d’un prince et d’un chevalier et placent dans sa bouche des blasphèmes contre lesquels proteste sa vie entière. Cette fois Henri Ier ne put pénétrer dans Liège, qui avait été fortifié, et bientôt il dut battre en retraite à l’approche de l’évêque, qui lui infligea une défaite complète au lieu dit la Warde de Steppes, près de Montenaeken, le 11 octobre 1213.

L’intervention du comte Ferrand de Portugal ayant amené la conclusion de trêves, qui aboutirent à une réconciliation entre l’évêque et le duc, celui-ci se rallia au parti d’ Othon IV, qui, étant devenu veuf, se décida à épouser Marie de Brabant, alors âgée de quinze ans. La cérémonie eut lieu à Maestricht, puis les confédérés marchèrent contre le roi de France, dont l’armée se trouvait près de Lille. Leurs projets furent dé-