Page:Biographie nouvelle des contemporains, tome 18, 1825.djvu/194

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si jeune auteur animé des sentimens les plus vifs pour la gloire de sa patrie ; sentimens qui, plus tard, n’ont fait que se développer dans son cœur, et qui respirent dans toutes ses productions. Mme Roland a possédé d’illustres amis ; elle en était digne, car son affection pour eux s’accrut dans leur noble adversité, et aujourd’hui, qu’ils reposent dans la tombe, sa mémoire leur conserve un culte fidèle. Elle épousa, à l’âge de 13 ans, M. Barrairon, et se remaria, en 1796 à M. Roland, aujourd’hui (1825) directeur des domaines à Périgueux. Mme Roland cultive avec succès les lettres ; elle compte au premier rang des femmes auteurs de ce temps ; mais, modeste autant qu’aimable, elle est satisfaite de passer ses jours dans le sein de sa famille et de ses amis, dont elle fait le bonheur ; elle se refuse à tout se qui pourrait l’enlever à la simplicité de ses habitudes. L’académie de Lyon voulut, en 1810, l’admettre dans son sein ; elle s’y refusa, toute surprise d’un honneur qui effrayait sa modestie. Elle a écrit plusieurs romans, dont nous allons donner la liste ; ils se distinguent tous par un plan habilement tracé, par des caractères soutenus et souvent neufs ; par la peinture gracieuse et vraie de la nature et des pays qu’elle décrit, par un style élégant et facile, et par des scènes variées, qui procurent alternativement à l’âme de douces et de violentes émotions. Ses ouvrages sont : 1° Palmira, 4 vol., 1re éd., 1801 ; 2° Mélanie de Rostange, 3 vol., 1804 ; 3° Alexandra, ou la Chaumière russe, 3 vol., 1806 ; 4° Adalbert de Montgelas, 3 vol., 1810 ; 5° Émilia ou la Ferme des Apennins, 3 vol., 1812 ; 6° Lydia Stevil, ou le Prisonnier français, 3 vol., 1817 ; 7° la Jeune Bostonienne, suivie d’Amica, 2 vol., 1820 ; 8° le Trésor de la famille Lowembourg, 3 vol., 1824.


ROLLA (Alexandre), membre du conservatoire royal de Milan, et chef d’orchestre du grand théâtre de cette ville, serait le premier violoniste de l’Italie, sans Paganini, qui en est le plus habile. Son exécution est brillante, et il a conservé, malgré son âge avancé, tout le feu et le sentiment d’un jeune artiste, en y joignant le goût et l’expérience d’un grand maître. Ses concertos étaient très-suivis : on raconte qu’un jour Diana se présenta à Rolla pour recevoir de ses leçons ; celui-ci s’y refusa, reconnaissant en lui un talent qui n’avait plus besoin de guide. Le jeune habitant de Crémone le pria de lui donner au moins quelques avis en composition ; mais il ne fut pas plus heureux. Choqué d’un pareil refus, il trouva occasion de s’en venger peu de temps après. M. Rolla composait alors un concerto, qu’il devait exécuter dans une solennité prochaine. Pendant plusieurs jours, M. Diana épia les momens que l’autre étudiait, copia sous ses fenêtres les solos et les idées qu’il put recueillir, et s’en fit un canevas pour un concerto. Trois jours avant la fête, il annonça le désir de se faire entendre dans une église, comme c’est l’usage en Italie. Professeurs, amateurs accoururent en foule, et M. Rolla, entre autres ; mais quel fut son